Un homme raconte à son fils une histoire à lire après sa mort. Rédigeant son texte "à partir de notes éparses, de cahiers arrachés, de griffonnages sur des bouts de serviette", il explique comment, après avoir retrouvé deux lettres cinquante ans plus tôt, il est parti sur les traces d'un événement refoulé de son passé. L'homme a près de 70 ans quand il revient dans la baie de Gdansk, sur la Lagune où il a passé des vacances avec ses parents et aimé aux débuts des années 1950 Mirka, surnommée Myrtille. C'est elle - ce premier amour - qui, quelques mois plus tard, écrira ces lettres dans lesquelles elle lui annonce qu'elle est enceinte. Une nouvelle que le garçon, 17 ans à l'époque, va enfouir sans réponse au fond de sa conscience.
Bien vite, on comprend que la quête du vieil homme sera déçue. Très tôt, on apprend, avec le narrateur, que les principaux protagonistes de l'histoire sont morts. Et que si vérité il doit y avoir, elle ne sera que reconstituée. En fait, ce n'est pas très important puisque l'enquêteur lui-même ne semble pas vouloir vraiment trouver : sa curiosité lâche prise rapidement, son esprit d'escalier fait les liens trop tard... Devant les obstacles - un curé hostile, une employée des registres zélée, un cimetière sans indice, un témoin qui disparaît -, il renonce.
Pendant les deux semaines d'octobre qu'il passe sur la Lagune, il cherche moins à connaître le fin mot de l'histoire qu'à essayer d'accrocher les pans de sa vie les uns aux autres, de leur trouver une cohérence qui donne du sens à ses choix. Mais ce qui prend forme au bout du compte, c'est une lâcheté molle, une accumulation de petites trahisons sans éclat, de compromissions ordinaires...
Ce premier livre traduit en français du Polonais Kazimierz Orlos joue une partition modestement triste, sonate sans envolée qui accompagne l'arrière-saison dans les bords de mer du Nord, le bleu gris des plages de la Baltique. Et escorte l'homme marchant vers l'hiver, éternel estivant.