Aux Etats-Unis, tandis que les librairies ferment à mesure que plusieurs Etats, à commencer par la Californie et New York, prennent des décisions de confinement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19 qui s'annonce particulièrement meurtrière dans le pays, les éditeurs américains se trouvent plongés dans les affres d'un travail de reprogrammation de leurs nouveautés particulièrement complexe.
D'après notre confrère Publishers Weekly (24 mars), au sein du "Big Five" – les cinq principaux groupes d'édition américains –, Simon & Schuster se montre le plus offensif pour éviter toute publication de ses maisons pendant la vague du coronavirus et décaler la sortie de ses nouveautés à d'autres mois, voire d'autres saisons. Ouvrant un chantier qui a impliqué ses services marketing et commerciaux, sa distribution comme ses éditeurs, les auteurs et leurs agents pour s'assurer de la meilleure solution pour chaque livre, le groupe a déjà reporté la parution de 145 titres, uniquement dans son secteur adulte, indique Adam Rothberg, le vice-président en charge de la communication de Simon & Schuster.
Au jour le jour
Pour sa part, la directrice générale de Penguin Random House, Madeline McIntosh, a écrit dès la semaine dernière aux auteurs et illustrateurs du groupe. Soulignant la forte évolutivité de la situation, elle plaide, en fonction de chaque titre, pour "des décisions semaine par semaine, voire au jour le jour" sur les éventuels reports de parution.
Chez Hachette Book Group, la vice-président chargée de la communication, Sophie Cottrell, indique que le groupe, qui a aussi contacté ses auteurs la semaine dernière, est en train de "revoir tous [ses] programmes de publication des livres prévus dès aujourd'hui et dans les deux prochains mois" tout en "renforçant [sa] programmation sur [ses] comptes sur les réseaux sociaux, sites webs et newsletter pour connecter [ses] auteurs aux lecteurs et assurer à leurs livres une visibilité maximale".
Certains reports de blockbusters ont d'ores et déjà été annoncés. Abrams, par exemple, la filiale américaine de Média Participations, a d'ores et déjà repoussé la sortie du prochaint titre de Jeff Kinney du 7 avril au 4 août.
Cependant, les éditeurs ne seront pas tous en mesure de décaler massivement les dates de parution de leurs nouveautés, estime Publishers Weekly, qui cite la responsable du marketing d'une grand maison pour laquelle "changer les dates de parution est un vrai cauchemar" en raison des contraintes logistiques. Celle-ci considère que, alors qu'on ne sait pas combien de temps dureront la pandémie et les périodes de quarantaine, le report des sorties n'est pas forcément la solution. Pour elle, "la confusion actuelle est peut-être la nouvelle normalité pour un certain temps".