Turquie

L'écrivain turc Ahmet Altan condamné à la prison à perpétuité

Ahmet Altan - Photo DR

L'écrivain turc Ahmet Altan condamné à la prison à perpétuité

Accusé d'avoir participé au putsh manqué du 15 juillet 2016, le journaliste et romancier turc Ahmet Altan (Actes Sud) a été condamné vendredi 16 février, à la réclusion criminelle à perpétuité. 

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Par Pauline Leduc
Créé le 25.02.2018 à 13h43

L'écrivain turc Ahmet Altan a été condamné vendredi 16 février à la réclusion criminelle à perpétuité par le 26e tribunal pénal d'Istanbul. "Ahmet Altan a été reconnu coupable ainsi que cinq autres personnes dont son frère, le journaliste Mehmet Altan, d’avoir tenté de «renverser l’ordre prévu par la Constitution de la République de Turquie ou de le remplacer par un autre ordre ou d’avoir entravé son fonctionnement pratique au moyen de la force et de la violence»", annonce Actes Sud, son éditeur français, dans un communiqué de presse envoyé ce mardi 20 février.  La maison, avec l'Association Les Nouveaux Dissidents, a également mis en ligne une pétition sur le site Change.org "pour demander la libération de l'écrivain."

Accusé d'avoir participé au coup d'état manqué du 15 juillet 2016 contre le gouvernement turc, l'écrivain a été victime de la purge mise en œuvre par le président Recep Tayyip Erdogan et est incarcéré depuis septembre 2016 à la prison de Silivri. Peu connu en France, Ahmet Altan est un des journalistes les plus renommés de Turquie et un romancier dont l'œuvre a été traduite dans de nombreuses langues. Deux de ses romans ont été édités en français par Actes Sud, Comme une blessure de Sabre (2000) et L'amour au temps des révoltes (2008)

Soutien d'Asli Erdogan

Esprit critique, il s'est opposé de nombreuses fois au gouvernement turc et est connu publiquement pour ses prises de position en faveur de la démocratie. Il a ainsi rédigé une déclaration pour les droits de l'homme et de la démocratie en Turquie avec Orhan Pamuk et Yachar Kemal en 1999 et a reçu en 2011 le prix Hrant Dink (du nom d'un journaliste arménien assassiné en 2007)  de la paix. Ahmet Altan a notamment été rédacteur en chef du journal Milliyet dans lequel il a publié un article satirique qui lui a valu d'être condamné à 20 mois de prison avec sursis en 1995. Entre 2007 et 2012, il a dirigé le journal d'opposition Taraf

Dans son communiqué, Actes Sud se fait aussi l'écho de la réaction de l'écrivaine Asli Erdogan. "Après le coup d’état manqué de juillet 2016, nous sommes les deux premiers écrivains à avoir été arrêtés sur des chefs d’accusation kafkaïens. La prison à vie a été requise contre nous et nous avons cru d'abord que c’était une blague. Nous avons cru qu’ils nous libéreraient après avoir eu la satisfaction de nous avoir maltraités. Ils m’ont relâchée, mais lui, ils l’ont condamné à perpétuité. Sans preuve, sans faits avérés, c’est purement atroce ! J’appelle tous les écrivains, les éditeurs, les journalistes à être solidaires d’Ahmet Altan et de tous les écrivains, journalistes, jetés en prison ou persécutés”, a-t-elle réagi le 19 février.  Bien qu'en liberté et même si elle a récupéré son passeport et la possibilité de se rendre à l'étranger,  Asli Erdogan attend toujours l'issue de son procès qui devrait reprendre le 10 mars.

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