À l'occasion d’une soirée de soutien à Boualem Sansal, lundi 16 décembre, au Théâtre Libre à Paris, son éditeur, Antoine Gallimard, et son avocat français, François Zimeray, ont annoncé que l’écrivain franco-algérien, incarcéré en Algérie depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’État, a été transféré dans une unité de soins à Alger.

« Nous avons appris tout récemment, ce matin, qu’à sa demande, il était de nouveau placé aujourd’hui dans une unité pénitentiaire de soins », a déclaré le patron des éditions Gallimard, précisant que celle-ci est située au sein d’un hôpital d’Alger. C'est « la deuxième fois, et à sa demande. Donc qu'est-ce qu'on peut comprendre ? En tout cas, ils [les responsables qui encadrent sa détention, ndlr] ont compris que sa santé est aussi fragile et que sa disparition serait très grave, pour eux aussi », a-t-il poursuivi.

 « Un homme qui ne va pas bien »

Le 11 décembre dernier, lors d'une conférence de presse à Paris, l'avocat français de Boualem Sansal avait dénoncé le transfèrement de son client, âgé de 75 ans, vers la prison de Koléa, à environ 35 kilomètres d'Alger, sans que la défense ni la famille ne soient prévenus au préalable.

Boualem Sansal est « un homme qui ne va pas bien », a affirmé l'avocat ce lundi soir sur scène. « Boualem vient d'être transféré à nouveau à l'hôpital Mustapha, et les biopsies qui ont été pratiquées ne sont pas bonnes. Donc je lance un appel, et j'aurai l'occasion de le faire sous d'autres formes, aux autorités algériennes pour faire preuve, tout simplement, d'humanité dans cette affaire », a-t-il ajouté.

Critique du pouvoir algérien, l'auteur du Serment des barbares (Gallimard, 1999) et de 2084 : la fin du monde (Gallimard, 2015) a été arrêté à l'aéroport d'Alger le 16 novembre. Il est poursuivi, en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, lequel sanctionne « tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ».

Critiques et hostilités

Selon Le Monde, le pouvoir algérien pourrait avoir mal pris les déclarations de l’écrivain franco-algérien au média français Frontières, réputé d'extrême droite. À travers ces dernières, Boualem Sansal reprenait notamment la position du Maroc, selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie. Un tribunal à Alger a rejeté sa demande de libération provisoire, a indiqué le quotidien algérien El Watan le lendemain.

Divers intervenants, dont l'écrivain prix Goncourt 2024 Kamel Daoud ou l'ancien Premier ministre français Bernard Cazeneuve, se sont succédé sur scène lundi soir pour demander « la libération immédiate » de l'écrivain, dans la continuité des prises de paroles d’écrivains parmi lesquels Salman Rushdie, Roberto Saviano, ou plusieurs lauréats du prix Nobel à l’instar d’Annie Ernaux, Jean-Marie Gustave Le Clézio ou encore Orhan Pamuk.