Sur Instagram, elle apparaît comme une belle femme aux longs cheveux blonds. Rien d'original, si ce n'est que l'une de ses photos a enflammé la toile. On y percevait une silhouette, vêtue tout de blanc, se libérant d'un voile offert au vent. S'immortaliser dans cette pose en Iran équivaut à une lourde condamnation. Mais quand on s'appelle « papillon » en persan, on ne peut pas éternellement se laisser enfermer dans une cage. Telle est la philosophie de Shaparak Shajarizadeh, qui relate son incroyable parcours, avec le soutien de la journaliste canadienne Rima Elkouri.
On suit une jeune fille aux envies de rébellion, à qui dès l'âge de six ans on impose le hijab. « C'est perdre ma dignité », écrit-elle. Dès lors elle est animée par l'envie de se la réapproprier. Après des études d'informatique, elle crée sa société, avant de se consacrer à la maternité. Un premier mariage se transforme en mauvais mirage, tant son mari conservateur l'empêche de respirer. Elle a le courage de le quitter. Deux ans plus tard, elle tombe sur celui qui « [l']aimait pour ce qu'[elle] étai[t], une féministe ».
Son modèle est Vida Mohaved, « la Rosa Parks persane », qui a défié le régime en transformant son voile en drapeau blanc, symbole d'une improbable liberté. Shaparak aspire à un geste aussi fort. Très présente sur les réseaux sociaux, elle rejoint plusieurs mouvements de lutte contre l'oppression des Iraniennes. Ainsi, elle dénonce cette nation « qui préfère les femmes mortes ou silencieuses aux femmes libres ». Elle note : « Nous étions des citoyennes de seconde zone ». Une injustice qu'elle va contrer à sa façon. « Je comprends celles qui se taisent. Tout comme je comprends celles qui ne peuvent plus se taire. » Tel est son cas, mais les autorités finissent par la repérer.
Un jour, elle se meut en madone de la liberté. En Iran, ça ne pardonne pas. Shaparak est jetée en prison, sans procès digne de ce nom. Elle y rejoint tant de femmes piégées par leur terrible sort. « Quel crime avais-je commis ? Être née femme, en Iran, et oser rêver de liberté, en protestant contre le port obligatoire du hijab. Il n'est que la partie visible de notre répression. Ne vous méprenez pas. Le pire, c'est tout ce qui ne se voit pas. »
Son témoignage, puissant et inspirant, nous plonge au cœur des Enfers et de la volonté de fer de Shaparak Shajarizadeh pour en sortir. « Aucune victoire n'est facile », soutient une militante. Celle de Shaparak ne s'achèvera que lorsque toutes les femmes de son pays retrouveront leur liberté.
La liberté n’est pas un crime. - Traduit de l'arabe par xxxx xxxx
Plon
Tirage: NC
Prix: 20 euros ; 304 p.
ISBN: 9782259278850