Amandine Jacquet est bibliothécaire-formatrice, et coordinatrice de l’ouvrage Bibliothèques troisième lieu publié par l’ABF.
La bibliothèque troisième lieu est foncièrement ouverte sur l’extérieur, elle fait partie du monde et de la société dans laquelle elle vit. On y vient pour se retrouver, pour y avoir des interactions avec d’autres personnes, où tout simplement car l’endroit nous plaît. Ce nouveau lieu bouleverse la relation que le bibliothécaire avait avec l’usager. Il oblige le bibliothécaire à repenser son rapport à cet espace, qui était son domaine et qu’il doit maintenant partager avec l’usager. Il est désormais un facilitateur qui n’est pas là pour prescrire des lectures et "élever le niveau", mais pour être à l’écoute des attentes de ceux qui fréquentent le lieu.
Il faut qu’il se considère comme une interface entre un usager et son projet. Il y a une notion de dialogue, d’ouverture qui entre en jeu. La prescription n’est plus à l’ordre du jour. Il s’agit dorénavant de questionner : "De quoi avez-vous besoin ?" Et de répondre au mieux aux attentes. Notre mission consiste à faciliter l’accès à l’information, à aider à la construction des citoyens tout en contribuant à l’égalité des chances.
Il faut décloisonner la bibliothèque et son offre, mais en restant cohérent. Inspirées par les Néerlandais, les Scandinaves ou les Nord-Américains, des bibliothèques ont intégré des grainothèques ou des banques de prêt d’outils de bricolage en ville. Ce sont de beaux projets car ils contribuent à faire vivre l’économie participative. Toutefois, il faut faire attention à ne pas proposer tout et n’importe quoi. Il faut que cela s’inscrive dans un projet, et s’assurer qu’ils répondent à un besoin. Sinon, la bibliothèque sera décrédibilisée auprès du public et des élus.