Gratifié de trente minutes d’antenne supplémentaires et d’une meilleure exposition dans la grille d’Europe 1 (de 20 h à 22 h du lundi au jeudi), Frédéric Taddeï reprend lundi 25 août le micro d’"Europe 1 Social club", juste à la suite du journal de Nicolas Poincaré. "Je dois immédiatement proposer quelque chose de différent", admettait-il dès l’annonce de cette nouvelle programmation. Avec cinq invités désormais, il s’efforcera de "garder un bel équilibre" : les auditeurs doivent pouvoir venir à 21 heures et rester. Frôlant la saison dernière la barre des 200 000 auditeurs en moyenne, l’émission se concentre sur "les années 2000", qu’il "cherche à comprendre" à travers l’actualité culturelle : "On se focalise sur une œuvre sans regarder ce qui a été fait précédemment par l’artiste, contrairement à "Ce soir ou jamais" sur France 2, où là on parle de l’actualité avec des artistes, sans évoquer leur actualité culturelle", nuance-t-il. Du coup, force est pour lui de constater qu’il draine alors un public plutôt féminin, à l’encontre de celui de la télévision "où le débat attire d’avantage d’hommes que de femmes". Dans le studio d’Europe 1, il réunit "en général" un romancier, un essayiste, une personnalité du cinéma, une autre du théâtre et une de l’art contemporain, "cela donne des trucs assez amusants entre des gens qui ne se rencontrent jamais". Evitant les genres et les thématiques, Frédéric Taddeï et sa sœur Sandrine, qui l’assiste à la programmation, ne sont pas non plus obnubilés par la première exclusivité. "On est toujours dans la même émission. On n’a pas ce genre d’exigence", s’insurge-t-il non sans se flatter d’avoir été le premier à recevoir, sur France 2, Thomas Piketty, Stéphane Hessel ou encore Marcela Iacub. C’est d’ailleurs son plateau que Stromaé, (faussement) ivre, a choisi pour sa première interprétation publique de Formidable devant un Taddeï médusé… Leurs seuls critères de sélection consistent à analyser "s’il y a quelque chose dans le livre ou dans le film qui est caractéristique d’aujourd’hui". Quitte à inviter l’auteur d’un "mauvais livre" alors "mis à l’épreuve". Et si on lui demande comment, après un an d’étude "contemporaine", il définit la littérature d’aujourd’hui, la réponse est sévère : "Je ne vois pas de courants, pas de révolution. Aujourd’hui, c’est de la littérature "Wikipédia" écrite de façon très plate et dans un style indirect, avec une désincarnation totale et une absence de vécu. Les auteurs se soucient de moins en moins du plausible. Comme disait Mauriac, ils se prennent pour les singes de Dieu." Alors l’époque ? : "Artistiquement, culturellement, je n’en ai aucune idée, avoue-t-il, j’ai même plus de mal qu’il y a un an car tout est venu s’agglomérer, comme un puzzle." Comptons sur les 30 % d’antenne supplémentaire pour y voir plus clair.
MARIE-CHRISTINE IMBAULT