2 septembre > Essai France

Machiavel peut-il servir de guide à un jeune d’aujourd’hui ? Jean-Baptiste Hennequin le pense. Autour du Florentin, il tisse un ensemble de conseils pour se tirer d’affaire dans un monde, à ses yeux, aussi impitoyable qu’à l’époque des Médicis. Et derrière ces préceptes, on voit bien se dessiner une critique de la société contemporaine, avec les écrans qui font écran à la réalité, le dévoilement de la vie privée sur Facebook ou le luxe de l’immédiateté au détriment du sens de l’existence.

Là où le secrétaire général de l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris est le plus convaincant, c’est lorsqu’il évoque la perte de la mémoire. Désormais, plus besoin de retenir puisqu’on peut vérifier instantanément sur Internet. Mais que faire lorsqu’on n’a pas de connexion ou plus de batterie ? Voilà pourquoi il martèle que : "L’arme d’aujourd’hui, c’est le savoir."

On ressent bien dans ses pages l’inquiétude du monde et la peur que la tempête de l’histoire n’emporte ce fils aimé. D’où ce traité affectueux pour se confronter au mal, mais surtout pour devenir un prince sans pour autant renier ses principes, pour apprendre à vouloir et finir par obtenir ce que l’on veut. Avant de songer à l’amélioration de l’homme et de la société, Machiavel avait lui aussi rêvé de pouvoir, avant de finir dans les geôles. De cet échec, il tira ce manuel de pédagogie politique irremplaçable, un bréviaire fondé sur l’observation, qui reste valable pour la compréhension non seulement des princes, mais aussi des simples citoyens qui aspirent à devenir princes.

Pour son premier livre, Jean-Baptiste Hennequin fait œuvre de guide avec Machiavel dans sa poche et son tourment dans le regard. Celui d’un père qui veut protéger son fils en lui donnant quelques clés, tout en sachant qu’elles n’ouvriront pas toutes les serrures… L. L.

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