14 septembre > Essai France

Excellente connaisseuse de la Recherche et de son auteur, Diane de Margerie a déjà consacré plusieurs ouvrages à Proust, et elle a aussi lu à peu près tout ce qui s’est publié sur lui. Aujourd’hui, dans un petit livre original dans ses perspectives et plaisant quant à sa forme, elle synthétise ses réflexions et ses approches.

Constat de départ : dans la "cathédrale" de Proust, le narrateur n’a pas de frère. Diane de Margerie en conclut à une "éradication" volontaire, de la part de l’aîné, de son cadet, pour cause de jalousie. On pourrait objecter à l’essayiste, qui recourt volontiers à des théories psychologisantes, que l’écrivain a toujours affirmé que son livre était un roman, ses personnages fictifs et qu’il n’était pas exactement, lui, Marcel, le narrateur. C’est même le propos de son Contre Sainte-Beuve de réfuter l’amalgame entre l’œuvre et la vie d’un auteur. De façon un peu artificielle, bien sûr. Et Diane de Margerie a beau jeu de trouver dans la Recherche des frères de substitution : Saint-Loup, par exemple, prénommé Robert, comme par hasard.

Elle étudie aussi, et c’est passionnant, les rapports de Proust, fils et frère de chirurgien, avec la médecine, la maladie, la mort. La sienne, en particulier, voulue, assumée : il s’est littéralement tué à la tâche, parvenant tout juste à achever son chef-d’œuvre que Robert Proust s’attachera à finaliser, puis à finir de faire publier chez Gallimard. Jusqu’à sa propre mort, en 1935, et malgré sa femme iconoclaste et terroriste, le cadet prendra soin de l’œuvre de son aîné. Cette partie-là, d’ailleurs, aurait mérité d’être plus développée. C’est le seul bémol à ce livre séduisant. J.-C. P.

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