Fait divers

Le libraire d’Argenteuil menacé dénonce «l’indifférence» de la profession

Le libraire d’Argenteuil menacé dénonce «l’indifférence» de la profession

Le gérant de la Librairie du Mail avait été menacé de mort pour avoir mis en vitrine un hors-série de Charlie Hebdo titrant «Le Coran, c'est de la merde». L’auteur des faits a été condamné à cinq mois de prison ferme.

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Par Manon Quinti,
Créé le 27.09.2013 à 20h32

Une «fatwa»: c’est le mot employé par Christian, gérant de la Librairie du Mail, situé à Argenteuil (Val d’Oise), pour désigner les menaces dont il a fait l’objet en juillet dernier pour avoir mis en vitrine des numéros de Charlie Hebdo sur l'islam. L’auteur des faits, âgé de 24 ans, déjà condamné pour une affaire de drogue, a écopé le 25 septembre de cinq mois de prison ferme.

L'«indifférence» des libraires

Mais ce qui a choqué le commerçant, c'est aussi «le manque de courage» de tout une chaîne. Le directeur de Charlie Hebdo, Charb, lui avait apporté son soutien. Mais il regrette l’«indifférence» des libraires face à ce qui s'est passé et le «manque de soutien» du syndicat de l’Union nationale des diffuseurs de presse (UNDP), qui ne s’est fendu «ni d’un communiqué ni d’un appel». «Le rôle d’un syndicat est d’alerter pour éviter que ça ne se reproduise. Mais pour l’UNDP, ce type d’événement est dérangeant. Je n’ai jamais vu un syndicat aussi éloigné de sa base», déclare Christian à Livres Hebdo. Le gérant critique aussi l’autocensure des libraires, qui «planquent Charlie Hebdo et le sortent quand ce n'est pas trop politiquement incorrect». Installé depuis 2005 dans le quartier populaire du Val-d'Argent, il avait déjà été braqué deux fois, «le lot des commerces de proximité» explique-t-il.

En juillet dernier, le libraire avait été menacé par des jeunes se réclamant de l'islam. Ils lui avaient demandé de retirer deux numéros de Charlie Hebdo de sa vitrine: un hors-série intitulé «La vie de Mahomet» et le numéro de la semaine, consacré à une fusillade survenue lors de manifestations favorables à l'ex-président Mohamed Morsi, en Egypte, et était titré «le Coran, c'est de la merde», ajoutant, dans un cadre jaune, «ça n'arrête pas les balles». Face au refus du commerçant, ils avaient frappé sur la vitrine du magasin et menacé de l’exploser. «On te connaît. On connaît ta voiture. Retire les journaux!» avaient-ils lancé. «L’un d’eux m’a dit: “On va te faire la peau”» avait raconté le libraire.

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