13 novembre > Dictionnaire Liban

Avocat, journaliste et écrivain, Alexandre Najjar, avec son Dictionnaire amoureuxdu Liban, célèbre ici à la fois le Liban et son Liban, à qui il est viscéralement attaché. A propos du Koullouna lil-watan, l’hymne national adopté en 1926, sous le mandat français, et maintenu après l’indépendance, en 1943, il écrit : "Il fait partie de moi." Mais Alexandre Najjar est tout sauf complaisant vis-à-vis du pays. Le Liban, avec ses 4 millions d’habitants répartis en 18 communautés religieuses, facteurs de clivages voire de guerres incessantes, est certes "un miracle permanent", un checkpoint fragile entre l’Orient et l’Occident, mais sa classe politique est souvent incompétente et corrompue, et les élections largement truquées. "Le Liban, note Najjar, se targue d’être le pays le plus démocratique du monde arabe. Tout est relatif."

Heureusement, dans la vie et dans ce dictionnaire, qui court d’"Abaday", un bandit d’honneur à l’ancienne, à "May Ziadé", une femme libre, amoureuse éperdue de Khalil Gibran mais éconduite, il y a aussi la littérature, largement représentée. Le "jeune" Najjar, né en 1967, représentant de cette intelligentsia libanaise francophile, rend de beaux hommages à ses aînés, Salah Stétié, Amin Maalouf ou Vénus Khoury-Ghata, de même qu’il n’omet pas de citer les écrivains français qui se sont rendus au Liban et ont écrit, ou non, sur le pays. Parmi ses meilleurs articles, celui consacré à Charles de Gaulle, dont on ignore souvent qu’il a vécu trois ans au Liban, de 1929 à 1932, où il a coécrit une Histoire des troupes du Levant. De là, son attachement résolu au pays du Cèdre, dont tout un bois a été planté à Colombey-les-Deux-Eglises, en hommage, dès 1971.

Côté vie quotidienne, enfin, l’auteur consacre des pages à ces expressions et proverbes libanais, souvent adaptés de l’arabe, si savoureux, dont certains pourraient enrichir notre propre dictionnaire. Najjar ne fait jamais "voler des éléphants" et "mkaffa w mwaffa". Il ne baratine pas, et il a parfaitement accompli son devoir. J.-C. P.

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