Confrontée depuis dix ans, où elle a changé plusieurs fois de diffuseur, à des défis stratégiques, La courte échelle a subi de plein fouet la fermeture à la fin de l’an dernier des Messageries Benjamin, son diffuseur-distributeur de l’époque, qui ne lui a jamais réglé le produit de ses ventes de novembre et décembre 2013, les mois les plus forts de l'année.
Diffuseur-distributeur de la maison depuis avril, Hachette Canada continue, depuis le 10 octobre où elle a été prise en main par le syndic (administrateur judiciaire), de distribuer le catalogue en compte ferme et d’accepter les retours sur les opérations spécifiques qu’il a menées. Alors que les dettes de La courte échelle auprès de ses auteurs sont considérables, “le syndic s’est engagé à reverser aux auteurs les droits sur leurs ventes réalisées après le 10 octobre”, précise Christian Chevrier, directeur général d’Hachette Canada.
Pour leur part, les auteurs se trouvent pris dans un imbroglio juridique complexe : tandis que la loi québécoise sur le statut de l’artiste protège leurs droits, les autorisant à les récupérer en cas de faillite, la loi fédérale canadienne sur les faillites d’entreprises, elle, permet au syndic de disposer des contrats d’auteurs comme des autres actifs de la société à céder ou à liquider.
Dans ce contexte, et alors que l’entreprise d’édition est exsangue depuis au moins un an, les professionnels du livre québécois jugent très minces les chances d’une perpétuation de l’entreprise même si, au terme du dernier appel d’offres conduit récemment par le syndic, qui a donné lieu à plusieurs candidatures, la désignation d’un repreneur n'est pas exclue.