18 AOÛT - ROMAN France

Jean-Claude Pirotte- Photo PHILIPPE MATSAS/OPALE/LE CHERCHE MIDI

Le narrateur du nouveau livre de Jean-Claude Pirotte se sent vieux et n'a même pas la consolation de se dire qu'il a vécu. A pas encore dix-huit ans, c'est du propre ! Bercé par Francis Carco, Pierre Mac Orlan, Marcel Schwob ou Alfred Jarry, il se verrait bien en "éternel proscrit". Le jeune homme se prénomme Ange, Angelo ou Vincent, c'est selon. Il serait né de père inconnu en octobre 1944 à Stavelot, en Belgique occupée. A un flic boiteux qui le tutoie, le voici qui récite du Armen Lubin, poète découvert grâce à un grand-père adoptif. Lequel lui a enseigné à "en dire le moins possible. Ne jamais avancer. Mais distiller des détails incongrus. Des détails qui fâchent, de préférence".

Grand-père del Amo, qui déteste la chasse et les chasseurs, habite place des Savanes. "Une place qu'aucune épithète n'est en mesure de qualifier, une place affichée comme un espace libre où seuls des fantômes désoeuvrés auraient l'idée de s'installer." Ici, il sera aussi question de désertion et d'Odilon-Jean Perrier. De bars et de serveuses. De l'énigme des soeurs Ma qui proposent un thé fleurant l'alcool à mille lieues. D'un mort et d'un disparu. De viognier et de chambertin...

Ses lecteurs le savent : Jean-Claude Pirotte est à la fois un poète, un magicien et un danseur. Du genre à faire feu de tout bois, à sortir de son chapeau des phrases qui swinguent, des images qui font mouche et des citations choisies. Son dernier méfait, Place des Savanes, se déguste lentement. Comme une eau-de-vie millésimée dont on aurait tort de ne pas abuser.

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