15 mai > Roman Etats-Unis

Barry N. Malzberg- Photo DR

Qui se souvient de Barry Nathaniel Malzberg, alias Mike Barry, Mel Johnson, Gerrold Watkins, Howard Lee, Lee Mason, Francine di Natale ou Claudine Dumas (liste d’alias non close) ? Qui se souvient de ce fan précoce de William Irish reconverti en polygraphe invétéré, quatre-vingt-dix romans et anthologies recensés sur sa fiche Wikipedia américaine, folâtrant dans toutes les contre-allées du récit de genre, thriller, porno, science-fiction ?

Peu de monde en vérité, hormis quelques vieux adeptes de la contre-culture à la mémoire longue, et surtout Olivier Cohen qui, dès 1975, publia à l’enseigne du Sagittaire et sous le titre Crève l’écran ! ce qui demeure sa première tentative romanesque digne de ce nom. Depuis, pour l’essentiel, le silence et de vagues rumeurs (est-il mort ? écrit-il toujours ?) ont achevé de donner à Malzberg le statut d’auteur culte, le dernier du genre.

Sans doute y a-t-il dans la profusion de l’œuvre moins de pépites que de trucs en toc, mais ce Crève l’écran !, rebaptisé Screen pour les besoins de cette réédition dans la précieuse collection "Replay" des éditions de L’Olivier, justifie à lui seul le retour de flamme. Ecrit en quinze jours comme un pulp pornographique à la demande de Maurice Girodias, Screen n’a rien perdu de sa belle énergie et s’avère être une curieuse version trash du film de Woody Allen, La rose pourpre du Caire, avec une pincée d’absurde kafkaïen pour faire bon poids. On s’attachera à la destinée indécise d’un certain Miller qui à sa morne vie d’employé de bureau désœuvré, préfère celle rêvée des corps en Celluloïd. Aucune femme, parmi celles dont les corps désirés sont autant d’emblèmes de civilisation, de Sophia Loren à Doris Day en passant par Elizabeth Taylor, ne résiste à ses charmes supposés. Le monde est une grande machine à fantasmes pour onanistes rêveurs. Et solitaires, bien sûr.

Olivier Mony

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