En bonne position
"Nous sommes bien acceptés maintenant", note avec satisfaction Guillaume Mercier, directeur de TheBookEdition, le service de fabrication et d'expédition pour auteurs créé il y a une dizaine d'années par l'imprimeur Reprocolor, installé à Hallennes-les-Haubourdin, dans l'agglomération de Lille (Nord). Au lieu d'être relégué près d'un mur du fond, il dispose maintenant d'un stand de 18 m2, tout près de l'entrée et du studio délocalisé de Radio France. Cette activité assure maintenant environ un million d'euros de chiffre d'affaires.
A quelques mètres, le stand de Librinova en partenariat cette année avec le magazine Lire attire une forte affluence dès samedi matin. Depuis l'allée, le public suit des présentations d'auteurs et des conférences thématiques filmées et diffusées en direct sur la page Facebook de cette plateforme de publication numérique, qui a trouvé sa place dans le marché du service aux auteurs : Charlotte Allibert et Laure Prételat, ses fondatrices, sont les agents littéraires de ceux qui dépassent les 1 000 ventes en numérique. Plus de 30 contrats sont signés à ce jour avec des éditeurs, qui reconnaissent leur rôle après avoir observé leur démarrage avec circonspection.
Partage d’expériences
Amazon est évidemment le pôle central d'attractivité, avec un vaste stand qui ne désemplit pas, ponctué d'animations permanentes. Un peu à l'écart lors de sa toute première incursion en 2012, le groupe américain est maintenant bien visible, tout près de l'entrée. Dès l'ouverture du salon, le site de vente en ligne a lancé la troisième édition de son concours Les Plumes francophones. Et tout au long des quatre jours de Livre Paris, les auteurs publiés sur Kindle Direct Publishing (KDP), le service à l'origine du nouvel écosystème de l'autoédition dans le monde, partagent leurs expériences, donnent des conseils, parcourent des manuscrits au cours de cessions de speed dating, etc.
D'autres sociétés de services aux auteurs cohabitent maintenant naturellement avec l'édition traditionnelle : Iggybook, packager pour éditeurs et pour des organisations qui sous-traitent leur activité d'édition, héberge aussi des auteurs autoédités sur sa plateforme, se chargeant de leur diffusion numérique et de leur visibilité sur Internet via un cadre de publication de blogs.
Books on Demand, filiale du distributeur allemand Libri, qui prospecte le marché français depuis dix ans est aussi devenu un exposant régulier à la Porte de Versailles. Comme TheBookEdition, BoD dispose de sa propre unité d'impression, mais d'une tout autre dimension, alignant plusieurs dizaines de presses numériques à Hambourg, dans les entrepôts du distributeur Libri auquel il appartient. Il est relié au réseau de librairies français via un accord avec la Sodis (groupe Madrigall). En revanche Kobo, principal concurrent d'Amazon dans le livre numérique, qui s'est lancé dans l'autoédition sur le même modèle, n'est pas présent cette année au salon.
Plus ancien parmi ces différents acteurs, Edilivre a négocié un stand directement au milieu des éditeurs de littérature, où il enchaîne plus classiquement les séances de dédicaces. La présence sur les salons est un des services proposés par ce groupe qui revendique 15 000 auteurs et 28 000 titres publiés. Mais l'éditeur ne fournit pas de livres, dont l'approvisionnement reste à la charge des auteurs.
Auteurs en solo
Au détour des allées, on trouve aussi des auteurs qui se lancent vraiment seuls et louent la surface minimum (3 m2), pour y exposer leurs livres. Les profils les plus divers se côtoient, depuis des jumeaux profs de maths à la retraite, Jean et Michel Lostalem, stand E 32, qui impriment leurs romans et recueils de poésies à la boutique Copy House en bas de chez eux, jusqu'à cette ancienne responsable de communication, Laure Lapègue, qui publie ses romans policiers en feuilletons sur Internet (BooknSeries, C62) pour les faire connaître, les fait fabriquer chez deux imprimeurs, et se rapproche en réalité du métier d'éditrice, agrégeant autour d'elle d'autres auteurs.
Des imprimeurs classiques offset, auparavant peu disposés à travailler en direct avec des auteurs en raison de la technicité de cette fabrication, se montrent aussi maintenant plus ouverts, pour peu qu'ils trouvent des candidats déterminés et compétents. L'imprimerie nouvelle Clerc laissait un morceau de son stand à une enseignante agrégée de lettres modernes, qui a réalisé avec un groupe de six co-auteurs un album jeunesse (avec un CD !) luttant contre les stéréotypes de genre.
Dans un tout autre registre, Lisio Print, un imprimeur bulgare bien implanté en France, montre parmi ses réalisations le beau livre de Ressan, un photographe qui édite lui-même ses clichés du Paris libertin.