Né le 27 novembre 1943 à Saint-Bonnet-Tronçais (Allier), l'auteur, essayiste et biographe Jean-Marie Apostolidès est décédé le 23 mars à Stanford en Californie où il enseignait la littérature française et le théâtre.
Jean-Marie Apostolidès se passionne pour le sixième art dès son enfance à Troyes. Il écrit des essais sur le sujet comme Le Prince sacrifié (Minuit, 1985) qui est une interprétation politique des grandes œuvres de Corneille, Racine et Molière. Spécialiste de la production artistique de la France de l'Ancien Régime, il signe aussi Le roi-machine : spectacle et politique au temps de Louis XIV (Minuit, 1981) qui est une réflexion sur la manière dont s'organise le pouvoir politique à cette époque. A partir de l'exemple du Roi-Soleil, il tente de comprendre comment l'Etat se pensait, se donnait à voir et se mettait en scène.
A l'université de Nanterre, il choisit finalement la psychologie, où il atteint la maîtrise avant de partir enseigner la matière au Canada. Revenu en France, il se lance dans une thèse en sociologie et poursuit sa carrière de professeur dans l'Hexagone. Après cinq années à Harvard de 1981 à 1987, il devient enseignant de littérature française et d'études théâtrales à l'université de Stanford.
Spécialiste de Tintin
Son activité d'universitaire ne l'a pas empêché de suivre son esprit éclectique. Passionné de BD, il signe Les Métamorphoses de Tintin (Seghers, 1984), un ouvrage dans lequel il présente le résultat de ses 20 années de travail de recherche sur le personnage de Tintin : quelles pouvaient être ses origines, sa famille, ses opinions politiques. Il va plus loin encore avec Tintin et le mythe du surenfant (Moulinsart, 2003).
Romancier, cinéaste (Buvons, buvons et moquons-nous du reste avec Bertrand Renaudineau), Jean-Marie Apostolidès a aussi été le biographe de l'écrivain, cinéaste et poète, Guy Debord. Figure incontournable du mouvement philosophique, artistique et politique révolutionnaire du situationnisme qui a critiqué radicalement le modèle des Trente Glorieuses. Le professeur dépeint le personnage dans Debord, le naufrageur (Flammarion, 2015). Jean-Marie Apostolidès a aussi scénarisé le roman graphique Konoshiko, illustré par Luc Giard (Impressions nouvelles, 2012).
Plus notoire en Amérique du Nord, qu'en France, un colloque international lui avait été consacré à l'université de Strasbourg en 2022.
