La nuit apprivoisée. Quel enfant n'a pas eu peur de la nuit ? À chacun sa stratégie pour l'affronter. Ici, l'enfant laisse la porte entrouverte et redessine le paysage de la chambre avec des points stratégiques en cas de nécessité d'évacuation d'urgence. Censé le rassurer, le faisceau de lumière qui entre par la porte va pourtant métamorphoser la chambre en un théâtre d'ombres effrayantes. Voilà l'enfant assailli par des d'araignées géantes. Vite, il faut allumer la lumière ! C'était quoi ? Son imagination, rien d'autre... Bientôt toutes sortes de créatures obscures le frôlent. Il n'y a alors qu'un refuge : le drap rose. Puis la chambre se mue en une salle de classe où l'enfant a cours de maths. L'occasion de compter les moutons, mais très vite les chiffres se brouillent et s'écroulent tout comme l'imminent dormeur. Les monstres multicolores jaillis de ses pensées peuvent bien danser la sarabande toute la nuit, l'enfant n'y est plus pour personne ! Saluons l'ingéniosité remarquable des illustrations de cet album qui multiplie les points de vue sur la chambre. Celle-ci baigne tantôt dans la lumière, tantôt dans le noir traversé d'un rai de lumière jaune, tantôt dans le rose qui est celui du drap où l'enfant dissimule sa frayeur. Laurie Agusti joue avec le graphisme autant que les songes de l'enfant avec l'espace de la chambre. Chaque page est l'écho en images de l'état intérieur de l'enfant, mimant le brouillage généralisé de la pensée avant l'endormissement. Un petit joyau !