Portrait 

Laurent Quintreau aime les systèmes. Disons qu'il a une pensée systématique. De formation philosophique, l'auteur de Marge brute (Denoël, 2006) observe le réel et en a toujours tiré quelque forme. Pas tant théorique qu'esthétique. La fiction est sa forme artistique de prédilection. Créatif dans une agence de publicité, il est également un responsable syndical d'envergure et le « monsieur licenciement du 75 », à savoir le conseiller au niveau départemental nommé par la préfecture pour assister le salarié en cas de rupture de contrat. Alors le monde du travail, cet expert ès rapports sociaux connaît par cœur. Et d'utiliser cet environnement comme matière de ses livres. Ainsi de son premier roman susmentionné où, inspiré par les cercles de l'Enfer de Dante, Quintreau mettait en scène des cadres d'une multinationale aux prises avec un Lucifer de la finance au sommet d'une infernale spirale boursière. Le protagoniste de Mandalas était, quant à lui, doté d'une telle volonté de puissance qu'il se réincarnait en SARL. D'où le titre : « Je voulais un roman à l'image de cette représentation concentrique du monde selon le bouddhisme tibétain et support à la méditation sur la vacuité de nos existences et le cycle des naissances et des renaissances. »

Ève et Adam, qui sort en cette rentrée d'hiver, court sur huit générations d'héroïnes et brosse le tableau de notre humaine condition, entre déterminisme social et élan vital. L'auteur remet dans le bon ordre le couple mythique, ancêtres

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