"Les pays sont comme les gens et les gens sont comme les pays", écrit Martin Amis dans sa préface à l’édition française de La fiction du temps. Lui qui a souvent été décrit comme "l’enfant terrible des lettres britanniques" en sait quelque chose. Ses romans ressemblent à des miroirs déformants, décrivant la face cachée des contrées ou des êtres. Après La zone d’intérêt, prix du Meilleur livre étranger 2015, une plongée dans l’univers concentrationnaire, voici une série de chroniques, d’essais et de reportages, publiés entre 1986 et 2017. On y retrouve sa plume mordante, sarcastique à souhait et caustique. Qu’il signe dans Newsweek, le New Yorker, le Guardian ou Vanity Fair, l’auteur flaire l’air de son temps, quitte à être un brin réactionnaire.
L’Iran, la Colombie, la France - "havre naturel des amoralistes" - ou les Etats-Unis n’échappent pas à son regard. D’autant qu’il vit dans l’Amérique d’Obama et de Trump. "Si les démocrates représentent l’esprit américain, les républicains en viennent à représenter ses tripes. Donald Trump figure le néant. Le vide intégral."
Martin Amis sent que "l’Histoire s’accélère, l’horizon est de plus en plus incertain". Alors, pour échapper à la morosité, il s’invite dans l’univers du sport ou du porno. Une immersion surprenante qui pointe la solitude abyssale de ses confidents. Heureusement qu’il reste l’amour, la littérature et les figures qu’il admire : Bellow, Don DeLillo, Roth, Updike, Ballard ou Jane Austen. L’analyse de leurs œuvres le renvoie à son propre rapport à l’écriture. Est-ce un héritage génétique ? "Les romanciers sont des affûteurs", lui reste un éclaireur. "L’art c’est la liberté."K. E.