Serge Filippini est un spécialiste des romans qui puisent leurs intrigues dans notre histoire littéraire. J’aimerai André Breton s’inscrit dans le droit fil de cette inspiration.
Le narrateur, dont on ne sait pas grand-chose, aurait connu, enfant, à Saint-Cirq-Lapopie, une certaine Chance Salvage, dite La Salvaga, qui était revenue s’y installer après Mai 68 et sa libération de prison - deux ans pour avoir tiré au pistolet sur son amant, le peintre Virgil, qu’elle accusait de l’avoir violée -, mener une vie d’ermite mystique et guérisseuse à Montfort-Désert, avec la bénédiction du curé Barbera. Plus tard, enquêtant sur cette femme hors normes, le narrateur l’aurait confessée, rencontré aussi bien son psy de Fresnes, le docteur Jeanjean - lequel aurait connu la vraie Nadja, Léona Delcourt, une aliénée -, que sa fille naturelle, Adrienne Bataille, dont on ne saura jamais si elle est celle de Virgil, ou bien, même, d’André Breton! En effet, juste avant la mort de l’écrivain, la jeune femme, amoureuse folle de Nadja, avait fait le pèlerinage jusqu’à Saint-Cirq, où il résidait, et vécu une intense liaison avec lui, au grand dam de sa dernière épouse Elisa, et de leur garde rapprochée. Elle aurait même tenté de s’imposer à Paris, rue Fontaine. Mais Breton, 70 ans et souffrant d’un grave emphysème pulmonaire, est décédé peu de temps après à Lariboisière. Chance est même allée à son enterrement, avant de commettre son "crime".
Tout cela est nébuleux, échevelé à plaisir, jouant avec les grands thèmes du surréalisme, l’inconscient, les rêves, l’astrologie, le hasard, l’amour fou, mêlant époques et personnages, jusqu’au 11-Septembre. Le rapport? Pure coïncidence. J.-C. P.