SCIENCES HUMAINES

Les sciences humaines existent-elles encore ? Pourquoi n'y a-t-il plus de vision globale ? Ne cherche-t-on pas aujourd'hui dans la littérature un contenu que les sciences humaines sont censées apporter ? Voici quelques-unes des questions qui ont été énergiquement débattues le 29 novembre au Centre national du livre, lors de la journée consacrée à l'historien et éditeur Pierre Nora. Plus de 80 personnes ont suivi le débat "Editer des sciences humaines" au cours duquel Teresa Cremisi (Flammarion), François Gèze (La Découverte) et Eric Vigne (Gallimard) ont dessiné avec volontarisme les pistes qu'ils explorent dans un paysage en pleine recomposition après la crise des années 1980-1990. Près d'un demi-siècle plus tard, l'"âge d'or" des sciences humaines en France dont Pierre Nora a été une figure majeure, paraît bien loin. "Il faut partir de notre époque, la vivre joyeusement. L'éditeur ne peut pas rester sur une époque qu'il n'a pas connue », a lancé Eric Vigne. Le magistère français est révolu, les publics sont éclatés, les savoirs et leur diffusion aussi. Les éditeurs, eux, multiplient les inédits en poche, consolident leurs catalogues, s'emparent du numérique... "Je vous trouve courageux et très optimistes. Ce que l'on appelait vraiment sciences humaines n'existe plus », a déclaré Pierre Nora, noircissant le tableau à dessein. Son intervention a donné un certain relief à la situation actuelle. "Nous pensons comme Pierre Nora un jour sur 20. Heureusement, les 19 autres, nous faisons notre métier car ce n'est pas si catastrophique ! » a répondu Teresa Cremisi. Les jeunes chercheurs mêlent les disciplines et s'intéressent à de nouveaux objets d'étude, les ventes de droits à l'étranger redémarrent... "Les idées circulent par des chemins inattendus, mondialisés, a souligné François Gèze. L'enjeu est de leur donner une plus grande visibilité, de faire en sorte qu'elles puissent être saisies par d'autres que les spécialistes. »

19.03 2015

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