27 janvier > Essai France > Michel Maffesoli

Michel Maffesoli est un sociologue à part dans le milieu universitaire. Contesté pour avoir dirigé en 2001 la thèse de doctorat de l’astrologue Elizabeth Teissier, piégé en 2015 par un article-canular qui pastichait son style dans la revue Sociétés, le professeur à Paris-Descartes aujourd’hui retraité ne cesse de déranger. Il faut dire qu’il est souvent là où on ne l’attend pas, à fureter dans l’imaginaire d’une société qu’il essaie d’expliquer au travers de nouveaux comportements (nomadisme, retour des tribus) ou dans un quotidien saisi par le désenchantement du monde.

Dans son nouvel essai, il s’en prend à l’écologie politique pour montrer l’émergence d’une "écosophie", une sensibilité pour l’endroit où nous vivons. On y retrouve sa passion pour les étymologies qui révèlent les sens profonds des mots ou cette manière de sonder les sols mythiques pour en dégager les racines symboliques avec l’idée que l’humus aide à comprendre l’humain. Dans sa boîte à outils conceptuels, il puise dans la philosophie, dans les religions, et ne se prive pas de quelques préciosités quand il parle d’"invagination du sens". Son Ecosophie s’oppose au modernisme qui veut transformer le réel, c’est-à-dire la nature. Pour lui, il ne faut pas la transformer, mais la vivre, s’en repaître dans une sorte de contrat dionysien. Le "lieu qui fait lien" revient à plusieurs reprises dans son exposé. Pour Michel Maffesoli,l’ensauvagement du monde permettrait de vivre ce dernier plus intensément, de le réenchanter plutôt que de vouloir le changer. Vivre avec le réel plutôt que vivre contre. L. L.

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