Ils sont 216 installés le long de la Seine, sur 3 kilomètres de quais, et proposent 400 000 livres. Au fil du temps, les bouquinistes, présents depuis le XVIIIe siècle, sont devenus indissociables du paysage parisien. Même si, progressivement, et surtout dans les coins touristiques, les légendaires boites vertes ont été envahies par des gadgets touristiques, sans grand rapport avec le commerce du livre.
Pour certains, qui affirment ne vendre que quatre livres à 10 euros par semaine, c'est un moyen de survivre. Mais, depuis un an, la Mairie de Paris ne l'entend pas ainsi. « Les foulards et autres Tour Eiffel made in China c'est fini, s'insurge Lyne Cohen-Solal, adjointe au Maire de Paris chargée du commerce et de l'artisanat. Nous invitons désormais ces bouquinistes, qui sont une minorité, à respecter le règlement auquel ils sont soumis, quitte à dresser des procès-verbaux, voire à pratiquer des expulsions. Pour vendre du souvenir, ils peuvent aller louer une boutique ailleurs. »
Pour rappel, les bouquinistes ne paient ni loyer, ni taxes. Ils bénéficient donc d'un emplacement gratuit. En retour, ils sont tenus de respecter un règlement dont l'article 10 stipule que le commerce principal autorisé est celui de livres vieux et d'occasion et qu'à l'intérieur d'une seule boite, la vente d'objet divers est permise, à l'exclusion de « d'objets ne présentant aucun intérêt artistique. »
Toutefois, parce que « Paris doit aider à diffuser et à conserver l'attractivité de cette forme de culture », Lyne Cohen-Solal se dit prête à faire évoluer le règlement. En concertation avec une vingtaine de représentants des bouquinistes, elle réfléchit à d'autres solutions permettant de diversifier l'activité : vente d'ouvrages neufs de petits éditeurs indépendants n'ayant pas de structure de distribution, création d'une marque « bouquiniste » pour des objets en rapport avec le livre ou l'écriture, et une éventuelle extension jusqu'au musée d'Orsay.