19 janvier > Récit France > Cédric Gras

Au départ, on est un peu surpris de retrouver l’écrivain baroudeur Cédric Gras sur le port du Cap en Afrique du Sud en partance pour l’Antarctique. On savait l’aventurier géographe de 35 ans, auteur de Vladivostok : neiges et moussons (Phébus, 2011), de L’hiver aux trousses (Stock, 2015) et d’un premier roman, Anthracite (Stock, 2016), situé dans la province minière du Donbass, en Ukraine où il a vécu cinq ans, plus familier du Nord extrême et des étendues sibériennes.

La mer des cosmonautes n’est en fait qu’une autre version du tropisme russe de Cédric Gras, puisque le garçon, qui fut aussi le passager du side-car conduit par Sylvain Tesson dans Berezina (Guérin, 2015), embarque cette fois-ci, certes cap au Sud, mais à bord de l’Akademik Fedorov, un brise-glace historique des expéditions polaires de l’ex-URSS. Il est le seul Français parmi les 200 passagers de ce bâtiment chargé de ravitailler les bases russes situées à l’est de l’Antarctique et de relever les équipes qui viennent d’y passer un "hivernage", une année entière. La carte, centrée sur le Pôle, de ce continent vierge, territoire au statut unique sanctuarisé par un traité international datant de 1959 et dédié à la recherche scientifique, est la bienvenue en ouverture du livre pour suivre Cédric Gras dans les pas des Poliarniks, ces "travailleurs des pôles". Des scientifiques (glaciologues, hydrologues…), mais surtout des techniciens, des logisticiens qui ont été de véritables héros dans leur pays à l’époque où, comme les cosmonautes, ces pionniers des glaces incarnaient l’esprit de conquête soviétique.

Amateur de confins et de territoires hostiles, notre écrivain voyageur est servi. Son récit, qui reste près de l’expérience intime sans se mettre trop en avant, laisse une grande place à l’histoire, aux légendes et à leur nostalgie, aux "confessions heureuses ou profondément lasses" de ces hommes aujourd’hui un peu oubliés. Le périple de Cédric Gras dans la "virginité laiteuse" des paysages polaires a duré trois mois. Le temps de s’imprégner de "la magie des épopées révolues" et de se laisser envoûter par le grand vide blanc. Véronique Rossignol

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