édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint

Photo OLIVIER DION

Au-delà de l’apparence d’«une profession de foi de plus», la déclaration issue du forum franco-allemand le 9 septembre à Berlin (voir notre actualité du même jour sur www.livreshebdo.fr) marque un tournant offensif dans l’engagement commun des éditeurs et des libraires des deux pays pour préserver la diversité des réseaux de vente et de la création éditoriale en Europe. Certes, les fondements sur lesquels le Conseil culturel allemand, le Börsenverein (fédération des éditeurs et des libraires), le Syndicat national de l’édition et le Syndicat de la librairie française souhaitent que les gouvernements des deux pays bâtissent «avec tous les acteurs européens du secteur» une stratégie de développement de la culture européenne du livre demeurent les mêmes : intangibilité du prix fixe du livre en vigueur dans onze pays de l’Union ; extension au livre numérique du taux de TVA réduit dont bénéficie le livre imprimé ; élimination des distorsions de concurrence, notamment fiscales, liées au lieu d’implantation des multinationales ; réaffirmation de la primauté du droit d’auteur dans le nouveau monde numérique. Mais les demandes des professionnels des deux pays sont désormais adossées à une argumentation de combat, à laquelle ne sont pas étrangers le contexte électoral allemand et la dégradation parallèle des structures du marché du livre en France et en Allemagne, illustrée par la faillite de Virgin Megastore et la crise du groupe d’édition et de librairie Weltbild.

Soucieux de «garantir la diversité et la qualité du marché du livre numérique européen», les éditeurs et les libraires des deux pays affirment désormais que «le plus grand défi pour les acteurs européens du marché consiste aujourd’hui à s’affirmer face à des firmes mondiales de l’Internet comme Amazon et Google». Ces dernières sont qualifiées de «grandes entreprises opaques et structurellement monopolistiques, dont les modèles d’affaires consistent à lier leurs clients à des produits techniques comme des liseuses, des tablettes ou des smartphones», avant que ne soit pointé le risque d’«une domination sans partage de ces entreprises extra-européennes» qui «aurait un impact majeur sur nos cultures». La guerre est déclarée ?

11.10 2013

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