Italie

Le marché du livre italien commence peut-être à voir le bout du tunnel de la crise. C’est le constat des éditeurs réunis à Turin du 14 au 18 mai pour le 28e Salon international du livre, la grande kermesse du monde éditorial italien, pendant laquelle l’Association italienne des éditeurs (AIE) a dévoilé les derniers chiffres de l’édition.

Après trois années où il a reculé de presque 20 %, le secteur enregistre sur les premiers mois de 2015 une baisse plus modeste, de - 2,6 % par rapport à la même période de 2014, cela sans tenir compte des ventes d’Amazon, qui ne communique jamais ses données. Pour la fin de l’année, les analystes prévoient même une légère augmentation du marché, tiré par la progression du secteur jeunesse (+ 6,4 %), qui compenserait les pertes de la non-fiction (- 4,1 %), alors que le domaine de la fiction reste presque stable (-1,1 %). Ces performances sont surtout le fait des librairies indépendantes, dont le chiffre d’affaires est en augmentation de 1,9 %, alors que les grandes surfaces ont connu une baisse des ventes de 12,2%.

341 000 visiteurs malgré l’effritement du lectorat

A côté de ces données encourageantes, reste néanmoins l’effritement du nombre de lecteurs : en 2014 seuls 41,4 % des Italiens déclarent avoir lu au moins un livre (- 3,3 par rapport à 2013). En dépit de ce mauvais indicateur, les allées du Lingotto – les anciennes usines Fiat où se tient le Salon du livre turinois – étaient bondées de visiteurs. Pendant les cinq jours de la manifestation, qui a fermé ses portes lundi soir, 341 000 personnes ont envahi les stands des éditeurs et suivi les très nombreuses tables rondes et présentations prévues par le programme, qui – expo universelle de Milan oblige – avait choisi le fil conducteur des “Merveilles d’Italie”.

Les éditeurs annoncent des ventes en hausse de 15 % par rapport à 2014, tandis que le public a accueilli avec chaleur les écrivains, parmi lesquels ceux en provenance de l’Allemagne, qui était le pays invité d’honneur. L’année prochaine, les Allemands laisseront la place aux écrivains d’Arabie saoudite, un choix qui suscite déjà quelques polémiques.

L’hypothèse d’un géant

Derrière cette atmosphère inclinant à un léger optimisme, tout le monde à Turin s’interrogeait avec inquiétude sur les conséquences de la fusion annoncée entre les deux groupes d’édition leaders dans le pays, Mondadori Libri et RCS Libri, qui selon certains bruits serait chose faite. Bien que la question de la concentration éditoriale n’ait été abordée dans aucun débat public, l’hypothèse d’un géant de l’édition qui contrôlerait 40 % du marché italien était dans tous les esprits. Pour savoir si cette hypothèse deviendra une réalité, il faudra patienter jusqu’à la fin du mois, lorsque Mondadori devra déposer son offre avec le montant de la transaction. En attendant, les spéculations au salon du livre allaient bon train, et beaucoup d’éditeurs se disant effrayés par une telle perspective invoquaient en dernier recours l’intervention de la commission anti-trust.

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