Il est loin le temps où Malraux se targuait devant les députés de ne pas savoir ce qu'était la culture. Aujourd'hui chacun en a un peu trop son idée. Est-ce à dire que la culture sera un enjeu dans l'élection présidentielle ? C'est déjà en tout cas un sujet de livre pour trois auteurs qui ont chacun joué un rôle dans ce domaine. A commencer par le ministre. Dans Le désir et la chance (Laffont, 23 janvier), Frédéric Mitterrand dresse le bilan, plutôt positif on s'en doute, de son action rue de Valois. Préservation du budget, défis du numérique, patrimoine, langue française, action outre-mer, etc. Il nomme beaucoup, il remercie encore plus - à commencer par Nicolas Sarkozy de lui avoir proposé le poste - et tire son chapeau à ceux qui ont compté dans l'accompagnement de son action. Mais surtout, dans ce livre rédigé à la première personne, il raconte l'exercice du pouvoir, le baptême du feu avec le vote de la loi Hadopi et revient sur les polémiques autour de son livre La mauvaise vie lancées par Marine Le Pen à la suite de son soutien à Roman Polanski. En conclusion, Frédéric Mitterrand estime avoir fait du mieux qu'il pouvait en matière de politique culturelle et de communication.
Christophe Girard, adjoint de Bertrand Delanoë, n'est pas de cet avis. Le ministre de la Culture de la Ville de Paris aimerait peut-être devenir ministre de la Culture de la France. Son Petit livre rouge de la culture (Flammarion, 11 janvier) est construit comme un vade-mecum volontariste du militant culturel. Dans la ligne du "réenchantement du rêve français" cher à François Hollande, il plaide pour un "nouveau pacte culturel" autour de trois grands axes : "la mise en place d'un ministère de la Culture et de la Communication élargi au numérique ; le lancement d'un plan national d'éducation artistique ; le renforcement de la place de l'art dans l'espace public".
Autre candidat, Olivier Poivre d'Arvor. Dans Culture, état d'urgence (Tchou), il indique ce qu'il ferait s'il était aux affaires. C'est-à-dire mieux. Son modèle, c'est le New Deal de Roosevelt. Autrement dit, la relance aiguillonnée par un soutien à la création. Pour le patron de France Culture, le pays ronronne et cède au populisme alors qu'il devrait, en période de crise, "investir davantage dans cette énergie douce, renouvelable", c'est-à-dire la culture.
Trois livres donc, un bilan et deux CV. Le premier comme témoignage d'une action, les deux autres pour rappeler à François Hollande qu'ils peuvent être disponibles, au cas où...