Depuis sa publication presque en catimini au printemps dernier aux États-Unis par les éditions Crown (Penguin Random House), The Correspondent de Virginia Evans s’est imposé comme l’un des succès les plus inattendus de l’année. Ce premier roman d’une autrice inconnue de 39 ans n’avait a priori rien d’un futur best-seller : son intrigue s’articule autour d’une succession de lettres et d’e-mails – un mode de narration épistolaire aujourd’hui volontiers considéré comme désuet – tandis que son personnage principal est une vieille dame au caractère bien trempé dont la principale occupation est justement… d’écrire des lettres.
Bouche-à-oreille
Pourtant, la magie opère avec The Correspondent. Quelques mois après sa sortie, le livre approche des 90 000 exemplaires vendus aux États-Unis, ce qui lui a permis, porté aux nues par Ann Patchett, l’une des papesses de la recommandation littéraire outre-Atlantique, et un bouche-à-oreille qui ne cesse de s’amplifier, de figurer à plusieurs reprises dans la liste des best-sellers du New York Times. Fin novembre, The Correspondent en était à sa 15e réimpression.
Dès avant sa parution aux États-Unis, le livre avait attiré l’attention de La Table Ronde à qui le roman a été proposé en 2024 par l’agente Eliane Benisti. L’équipe éditoriale formée par Alice Déon et Gabrielle Hédouin n’a pas hésité. Les deux éditrices confient avoir lu le manuscrit d’une traite : « C’est un roman qu’on dévore. La forme épistolaire permet d’aller vite, d’entrer dans l’intimité de ce personnage piquant, pas toujours aimable, mais profondément humain », précise Gabrielle Hédouin.
Équilibre rare
Le personnage de Sybil, juriste retraitée au franc-parler irrésistible, donne tout son sel à La Correspondante. À travers les lettres qu’elle adresse à ses amis et sa famille, à des auteurs qu’elle admire, à un jeune garçon harcelé, à l’employé d’un service de relation-client, ou encore à un mystérieux inconnu lié à une affaire ancienne, se dévoile une vie faite de combats, de vulnérabilités et d’élans inattendus. Le livre trouve un équilibre rare entre légèreté et gravité : l’enquête intime sur les origines de Sybil (qui a été adoptée enfant), son angoisse face à la perte progressive de la vue, les lettres anonymes qui ressurgissent du passé sont autant d’éléments qui apportent au récit une profondeur émotionnelle d’une redoutable efficacité.
Virginia Evans, qui a rédigé La Correspondante dans le placard de sa chambre, chaque matin avant l’aube, voulait un livre qui « donne un sentiment d’espoir ». Le roman y parvient au-delà de toutes les espérances en proposant une fiction lumineuse, généreuse et capable de toucher tous les âges.