Installé de longue date aux Etats-Unis, Michel Gondry n'a pas oublié la France. Dans On a perdu la guerre, mais pas la bataille, le génial bricoleur d'images connu pour ses clips (notamment pour Björk) et ses spots publicitaires comme pour sept longs-métrages (dont Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Soyez sympas, rembobinez, The Green Hornet...), la met en scène, scindée entre Paris et la province après une guerre civile. Cet album de bande dessinée est le premier qu'il publie dans l'Hexagone alors que plusieurs sont parus outre-Atlantique. Il est encore plus loufoque et déjanté que ses films.
Sous-titrée "une histoire de vengeance", l'histoire renvoie le lointain écho du traumatisme que l'auteur a subi pendant une adolescence française vécue dans la terreur d'avoir à accomplir son service militaire, dont il a finalement pu se faire réformer. Elle exprime aussi incidemment une hostilité à toute forme de pouvoir féminin ou féministe. Mais elle tient moins du pamphlet que de la pochade ou du pied-de-nez, jusque dans son graphisme très seventies, presque enfantin, efficace mais sans apprêt.
Derniers à avoir échappé au service militaire avant sa suppression, quatre anciens étudiants en art sont rappelés par le président de l'Ile-de-France qui se trouve être... Johnny Halliday. Ils sont mobilisés face à la menace d'invasion d'une armée de femmes communistes aux rondeurs suggestives venues d'Europe centrale, les Isabelles. En l'absence de son ministre, le caporal Kapozy, Johnny les enrôle sous les ordres de l'épicurien général Bichard, dit Bichon. Tandis qu'il s'envole pour mener une gigantesque parade militaire dans le golfe du Mexique, de pittoresques combats de rues s'ensuivent à Paris, avec de la fureur, du sexe et du sang en version Pieds nickelés.
Comme l'annonce le titre, les héros gagneront la bataille, mais pas la guerre. Ils auront à choisir entre l'amour enchaîné et la fuite en adoptant... un clitoris abandonné. Loufdingue, on vous dit !
