Les trois jours de la Foire du livre de Brive, qui s'ouvre vendredi 10 novembre à l'issue d'une intense semaine de proclamation de grands prix littéraires, s'annoncent denses et une nouvelle fois pour tous les goûts. La présidente Florence Aubenas, qui a publié Ici et ailleurs aux éditions de L'Olivier en début d'année, a décidé d'ouvrir sa séquence par une plongée dans les faits divers, en échangeant avec ses confrères Antoine Albertini (Un très honnête bandit, JC -Lattès), Olivier Ceyrac (Radio Grand Brive) et Thibaut Solano (Les dévorés, Robert -Laffont). La journaliste au Monde, passée par Libération et Le Nouvel Obs, a prévu ensuite une conversation -atemporelle avec Georges Simenon, dont le roman policier Le chien jaune est mis en voix par le comédien Bruno Solo chez -Lizzie, avant d'évoquer avec l'écrivain et journaliste Jean Hatzfeld (Tu la retrouveras, Gallimard) et le fixeur Kaveh Seyed Hosseini le difficile mais passionnant travail de l'ombre des collaborateurs de journalistes sur les terrains de guerre.
De guerre, il en était déjà question l'an dernier dans le cycle Temps présent qui, cette fois-ci, est consacré aux réflexions menées dans la société sur la notion de travail. Jacques Attali (Le monde, modes d'emploi, Flammarion), Gaspard Koenig (Humus, L'Obser-vatoire) et Franck Courtès (À pied d'œuvre, Gallimard) tâcheront de répondre à quelques questions qui fâchent posées par Éric Fottorino et Julien Bisson, du magazine Le 1 hebdo. Et les sujets ne manquent pas : Télétravail, chute de la productivité, 35 heures, loisirs, accomplissement par le travail, progrès technologiques, apprentissage, intelligence artificielle, absentéisme, farniente ou burn-out... Ces angles seront également abordés au prisme de la jeunesse avec un débat citoyen sur la peur de l'échec scolaire et un échange sur la lutte contre le harcèlement, menés par Adèle Tariel (Magnard Jeunesse).
Pour la seconde année, la Foire du livre célèbre la littérature jeunesse avec la présence d'un Grand Invité : Timothée de Fombelle (Alma, Gallimard Jeunesse) propose plusieurs rencontres au fil du week-end, et a participé à l'élaboration du programme Imagine pour les jeunes lecteurs. À l'occasion des 50 ans des éditions Auzou, Benjamin Bécue et Joëlle Dreidemy, deux illustrateurs phares de la maison, sont attendus autour de leurs univers respectifs pour produire des dessins en live sur des thèmes choisis par le public. Déplacée depuis les années Covid à l'espace des 3 provinces et générant toujours plus d'intérêt, la programmation BD a été mise en place par l'autre Grand Invité, le dessinateur, entre autres, de Silex and the city et scénariste de Lucky Luke Jul, également normalien et agrégé d'histoire.
Ce dernier a prévu d'échanger avec Florence Aubenas et Timothée de Fombelle sur la pratique qu'ils ont de leur discipline, la place qu'ils y accordent au quotidien et les possibles passerelles existantes entre la bande dessinée, le journalisme, la littérature et la littérature jeunesse. Pour les pros mais également les simples curieux, les problématiques sur l'intelligence artificielle dans le secteur de l'édition, dont on parle à Francfort, Bruxelles, Beyrouth ou Montréal, font débat lors de la Foire avec deux tables rondes sur ses impacts dans la chaîne du livre et les enjeux juridiques qui lui sont liés.
À ce sujet, une table ronde professionnelle, animée par Pauline Gabinari de Livres Hebdo se tiendra samedi à 10h du matin sur la Foire autour du thème : « L'intelligence artificielle et son impact sur la chaîne du livre ». Y interviendront Frédéric Maupomé, président d'honneur de la Ligue des auteurs professionnels, Muriel Beyer, des éditions de l'Observatoire, et Nicolas Poret, président du GIE des libraires de Brive.
Retrouvez, dans le "Brive-express", dans les allées de la Foire ainsi que dans votre kiosque numérique, le hors-série gratuit de Livres Hebdo consacré à la Foire du livre de Brive 2023.
Ouvroir de poésie effective
C'est à l'Ouvroir, dans une ancienne Chapelle devenue un lieu culturel en 2019, que vont se dérouler les événements de poésie. Dans cet espace qui met la jeunesse à l'honneur, une série d'œuvres réalisées par les élèves de l'école élémentaire Roger-Gouffault seront exposées. Et comme introduction à sa riche programmation, François David a imaginé plusieurs déambulations, du jeudi au dimanche, de 700 écoliers qui déclameront des poèmes de leur choix entre le musée Labenche, le Conservatoire, la Chapelle Saint-Libéral, la médiathèque, le kiosque et la voie verte...
Le lauréat du concours de courts métrages poétiques Cours le court, lancé cette année et ouvert à tous les publics, sera remis le vendredi 10 novembre à 18 heures. Le défi ? Réaliser un film de 5 minutes sur un poème de Paul Valéry. Aussi un hommage à Christian Bobin, décédé en 2022, prendra la forme d'un musée imaginaire où se retrouvent les inspirations picturales du poète, mais aussi ses références littéraires et musicales. Des lectures ponctuées d'interludes musicaux au piano donneront à entendre les poèmes de Christian Bobin. Aussi l'accent sera porté sur les "poésies du monde", et en particulier celles de l'Orient et de l'Afrique : conférence sur l'esthétisme dans la poésie arabe, sur la poésie francophone, lectures de textes et accompagnements musicaux sont proposés dimanche, tout l'après-midi. Et tout au long de la Foire, "Le poème de ma vie" invite des auteurs à partager avec le public celui qui les a particulièrement marqués, et pourquoi... Marie Fouquet
Le Brive-Express
C'est une destination inhabituelle affichée en gare de Lyon, à Paris, depuis des années au premier jour de la Foire de Brive, qui offre également aux voyageurs en partance vers le Sud-Est un drôle de spectacle. Le TGV du livre ouvre ses portes moins d'une heure avant le départ et c'est la course des attachés de presse des maisons d'édition pour réserver les places des auteurs et éditeurs tout le long du train. Comme dans un banquet non placé, dans ce train affrété pour l'occasion, chacun a son entrée mais encore faut-il trouver sa place. Parfois, pour une inattention ou un petit retard, le jeu du hasard peut engendrer un voisinage incongru, voire malheureux. Le train n'a pas encore démarré qu'il faut déjà jouer de diplomatie. Heureusement, dès le départ de la rame, les mets proposés par les élèves de l'École de management hôtelier de Savignac adoucissent les mœurs et les potentielles frictions entre auteurs et anciens éditeurs, ou éditeurs un peu trop chaleureux avec des auteurs qui ne sont pas les leurs. Mais plus on avance vers Brive et plus l'âme des voyageurs, la prune de Souillac aidant, s'allège. Et l'arrivée en gare de résonner chaque année en début d'après-midi d'un joyeux brouhaha. C'est aussi cela, la magie de la Foire de Brive. É. D.
