Avant-critique Roman noir

Régime sec. Jérôme Leroy et sa politique-fiction coutumière inaugurent une nouvelle collection de La Manufacture De Livres avec La petite fasciste - clin d'œil à l'un de ses précédents romans, La petite Gauloise (La Manufacture De Livres, 2018). Au format semi-poche et sobrement intitulée « La Manuf », la série à venir, qui propose simultanément des ouvrages de Guillaume Guéraud et Yann Zolets, se présente tel un retour assumé aux codes du roman noir, déclinés en un cocktail d'actions et d'intrigues bien serrées. Nous retrouvons ici Jérôme Leroy − Grand Prix de l'imaginaire en 2022 pour Vivonne (La Table Ronde, 2021) − au cœur d'une Flandre française en pleine déliquescence sociale et politique, prompte à adopter les dérives fascistes bouturées sur un limon de misère et d'abandon. On y suit les parcours d'un député du centre gauche, dans le moule et le mou désabusé, et celui d'une jeune intello identitaire mais lucide. Leurs incompatibilités, confrontées au ridicule de la pantalonnade démocratique, finiront en une improbable fuite commune sur fond de chaos et de fin des institutions. L'un et l'autre lâcheront leurs convictions, leurs racines, voire leurs préjugés, pour larguer des amarres devenues boulets. Leur improbable histoire sonne comme l'espoir vain et métaphorique de voir une France coupée en deux se ressouder un jour. La République vacille, son hallali s'annonce. Fiction transparente d'un pays gouverné par « Le Dingue », un adepte des Assemblées nationales dissoutes à répétition, La petite fasciste grossit le trait mais raconte notre désespérant présent. C'est acide et souriant, amèrement tangible et méchant à souhait.

Jérôme Leroy
La petite fasciste
la Manufacture de livres
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 12,90 € ; 192 p.
ISBN: 9782385531782

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