On sent que le premier roman de Jean-Pierre Montal a des échos autobiographiques. Comme l’éditeur et écrivain, Pierre, le héros des Années Foch, vient de Saint-Etienne et d’une famille de la "classe moyenne classique". L’auteur d’un épatant essai littéraire sur Maurice Ronet a lui aussi traîné ses guêtres dans le quartier de Paris qui sert de décor à son livre. Quand il se demandait s’il n’allait pas devenir journaliste.

Le jeune Jean-Pierre explique qu’il a tôt basculé dans le rock grâce à sa sœur de huit ans son aînée qui l’a initié aux Beatles, aux Kinks ou à Patti Smith. Il lit alors principalement Rock & Folk et les pochettes de disques, ne travaille pas trop à l’école. En un an, pris d’une frénésie de lecture, il dévore L’éducation sentimentale, Les enfants tristes, Le soleil se lève aussi et Gatsby le magnifique.

Guitare et batterie

Le bac en poche, il fait ensuite un détour par Lyon avant de se poser à Paris où il "aime tout". Débrouillard, il place des piges au Parisien puis "pisse de la copie" dans la communication, fournissant affiches, slogans ou discours. Montal n’est pas le genre à cracher dans la soupe, il dit avoir croisé là non point des "têtes de cons" mais des gens "intéressants, drôles, cultivés".

Le rock ne l’a pas quitté, loin de là. A la même époque, il joue de la guitare et un peu de batterie dans des groupes. Plus tard, il fera partie de Temper, une formation qui a publié un album chez Talitres et assuré la première partie de The National. Les choses bougent quand il rencontre Marie David, elle aussi lectrice frénétique. Tous deux apprécient "l’ironie à la française, le récit à l’américaine". Donna Tartt et Michel Houellebecq, Claude Sautet et James Salter. L’envie d’une maison d’édition naît bien vite.

Premier tube

Jean-Pierre et Marie détestent tergiverser et se lancent dans l’aventure de Rue Fromentin. Premier titre : Memoranda de J.-A. Barbey d’Aurevilly en mai 2009 qu’ils autodiffusent, un an avant de signer un contrat avec Volumen. Premier tube : Les débutantes de J. Courtney Sullivan, en 2012, vendu à plus de 30 000 exemplaires et repris par Le Livre de poche. Il y a eu depuis des échecs, des jolies réussites. Comme Les intéressants, le formidable roman de Meg Wolitzer paru en avril et déjà réimprimé.

Le couple tient la barre, se démène. Chacun lit de son côté, passe les textes à l’autre et cherche l’unanimité pour les huit ou dix livres qu’ils publient par an. Avec Les années Foch, Montal dit qu’il a eu envie de montrer l’influence "de certains lieux sur nos vies". Combiner une histoire, une époque et une ambiance. Le résultat donne un roman incarné et réussi. Alexandre Fillon

Les années Foch de Jean-Pierre Montal, éditions Pierre-Guillaume de Roux. 23 euros, 192 p. ISBN : 978-2-36371-129-8. Sortie : 20 août.


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