Jean-Marc Godès, le photographe qui donne vie aux livres
Inspiré par l’univers de Jacques Prévert, Jean-Marc Godès est devenu photographe-plasticien spécialisé dans la mise en images du livre et de la lecture. À l’occasion d’une tournée d’expositions en Chine en août 2017, Livres Hebdo revient sur son parcours.
Depuis dix ans, ses photographies ont été exposées à travers le monde : de la France à la Guinée, en passant par l’Irlande, le Canada, la Lituanie et encore le Portugal. Jean-Marc Godès est photographe-plasticien, attaché à mettre en scène le livre et à promouvoir la lecture par ses images. En août 2017, ses clichés rejoindront l’Asie, pour une tournée d’expositions à Hong-Kong, Jinan, Chengdu, Pékin et Shanghai dans le réseau des Alliances françaises de Chine. Pour Livres Hebdo, le photographe revient sur son parcours et les inspirations de sa démarche.
Livres Hebdo: Vous débutez en 2007 votre travail photographique spécialisé dans la promotion du livre et de l’écrit, y a-t-il eu un élément déclencheur ?
Jean-Marc Godès: J’ai commencé ma pratique photographique quand je suis partie vivre sur l’île de la Réunion, mais sans démarche particulière au début. J’étais complètement autodidacte, et c’est en rentrant en France que le livre m’a intéressé pour mes images. Au début, je me suis saisi de l’objet-livre avec beaucoup d’appréhension. Ce que je voulais, c’était le mettre en vie, en faire un véritable acteur de la photographie. J’ai commencé mes premières mises en scène, qui ont abouties directement à des expositions avec des retours très positifs. A l’époque, j’ai rencontré le Président de la Société des gens de lettres (SGDL, ndlr) qui m’a invité à venir exposer à l’Hôtel de Massa où des poètes francophones ont écrit sur mes clichés. Dès la seconde année, j’ai participé au Salon international du livre ancien au Grand Palais à Paris. Puis j’ai continué avec une résidence de quatre mois au Brésil. A partir de ce moment, j’ai osé mettre en scène des êtres humains.
L’image peut servir de support pour l’écriture
Jean-Marc Godès
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LH: Vos photographies s’intéressent aux livres et aux lecteurs. Y a-t-il des écrivains qui vous ont inspiré ?
JMG: Jacques Prévert est la personne dont je me sens le plus proche. Il y a une folie douce qui me touche dans ses écrits. Ses livres ont été très importants dans ma construction, c’était un repère car j’ai beaucoup bougé. Ma relation au livre est très personnelle puisque mon père était écrivain. Toute ma jeunesse a été marqué par mon père enfermé dans son garage pour écrire. Si j’entendais le bruit de la machine à écrire, je savais qu’il était là. En un sens, je tenais à lui rendre hommage.
LH: Quelles sont vos attentes à travers la diffusion de vos images ?
JMG: Qu’il y ait un échange social et culturel autour de mes clichés ! À partir du moment où les personnes s’approprient mes images, j’arrive à l’aboutissement de ma démarche. Ça peut être des écrivains ou des poètes qui écrivent en s’en inspirant, ou bien lors d’ateliers. J’ai participé à des opérations de lutte contre l’illettrisme, notamment avec le Centre de ressources illettrisme de Perpignan, en proposant de former des personnes: l’image peut servir de support pour l’écriture. Le cœur de ma démarche est de pouvoir proposer en permanence de belles images aux bibliothèques, aux organisateurs de salons ou pour de la communication, mais j’aimerais faire d’autres missions contre l’illettrisme et intervenir en milieu scolaire.
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LH: Vos photographies ont été exposées dans de nombreux pays. Comment expliquez-vous la sensibilité de ces pays à vos clichés ?
JMG: Mes images sont toutes conçues de façon à ne pas avoir de lieu marqué visuellement. Et sauf exception, on ne perçoit pas la langue écrite. Ça permet aux personnes de s’approprier l’image dans chaque pays. Chacun y voit ce qu’il veut. Par exemple, l’une de mes images montre un moustachu qui traverse un mur de papier. Au Portugal, les gens pensaient que c’était Fernando Pessoa, alors qu’en Italie, ils y voyaient un de leurs auteurs. Ce qui m’a souvent marqué, c’est d’avoir à la fois l’adhésion des enfants, des adolescents mais aussi des personnes âgées. C’est extrêmement gratifiant de voir des personnes de différents pays et de différents âges ouvrir grand la bouche ou écarquiller les yeux quand ils voient une image qui les interpelle.
LH: Quels sont vos projets pour la suite ?
JMG: Le gros projet actuel est de pouvoir intervenir à l’étranger pour former des photographes, afin qu’ils puissent eux-mêmes réaliser leurs propres images. J’ai débuté en Guinée, mais c’est en suspens pour l’instant. Sinon, je veux continuer à créer et donner un sens culturel et social à mon travail. Même si j’ai fait beaucoup d’expositions, et notamment en France, ma démarche reste encore très confidentielle car je n’ai pas d’équipe. C’est précieux à mes yeux de toujours garder ma liberté.
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