Jeunesse/ France 28 août Charlotte Erlih

A bas les tabous en littérature jeunesse ! Ce roman parle de schizophrénie à une classe d'âge où justement cette maladie terrible se déclare. Le récit s'ouvre sur un aveu qui fait froid dans le dos. Une voix confesse le meurtre d'un militant de l'Action française en 1923. Celle de Germaine Berton, une anarchiste du siècle dernier. En fait, c'est Arthur qui parle. Collégien en troisième dans un lycée d'élite, il n'a jamais fait parler de lui. Peut-être trop réservé et solitaire, trop passionné d'histoire, à part ça, rien à signaler. Du jour au lendemain, il a dévissé, changeant d'époque et de sexe et s'imaginant avoir le sang d'un salaud sur les mains. Dans ce roman choral, chaque personnage s'empare de cette bouffée délirante pour l'analyser ou - parfois - la juger. Le personnel médical afin de trouver le traitement approprié. Mère, professeure et camarades de classe pour exprimer leur inquiétude et - parfois - leur culpabilité. La faute à personne, et surtout pas aux mères... Arthur pourra certes rentrer chez lui, mais plus rien ne sera comme avant. Il se sent vide, sans désir ni joie, rempli seulement de ce faux calme que procurent les médicaments. On rend grâce à ce livre d'avoir su regarder la maladie mentale dans le blanc des yeux, par la voix de personnages très justes.

Charlotte Erlih
J’ai tué un homme
Actes Sud junior
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 13,90 euros ; 128 p.
ISBN: 9782330124366

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