A La Bulle, médiathèque de Mazé, saluée par le jury du grand prix des Bibliothèques en 2012 (1), le travail avec les libraires d’Angers, à une vingtaine de kilomètres de la petite ville, est une composante essentielle de la vie de l’établissement. « Dans les appels d’offres que je rédige moi-même, le premier critère est le partenariat culturel avec la mise en place d’offices commentés et orientés, ce qui écarte forcément les grossistes », précise le directeur, François-Jean Goudeau, qui a travaillé lui-même plusieurs années en librairie avant de rejoindre la lecture publique. Il n’envisage pas une seconde, par exemple, d’organiser les venues d’auteurs sans la collaboration active d’un libraire.
Cinq libraires d’Angers fournissent la médiathèque, qui possède 25 000 ouvrages : Richer pour la littérature, Luciole pour la fiction jeunesse, Contact pour les documents jeunesse, Azu Manga pour les mangas, et Au repaire des héros pour la BD. La BD étant la marque de fabrique de la médiathèque, il n’est pas étonnant que le partenariat entre La Bulle et Au repaire des héros soit particulièrement réussi. Thi Nguyen, qui a ouvert avec son mari la librairie spécialisée il y a trois ans et demi, vient régulièrement à La Bulle avec sa sélection de nouveautés qu’elle appelle ses « paniers conseils ». De son côté, François-Jean Goudeau, un passionné de BD, vient souvent fureter dans les rayons de la librairie. S’ensuivent, à Angers ou à Mazé, d’intenses discussions, parfois houleuses car ils n’ont pas toujours les mêmes goûts et partagent le souci de composer avec les attentes de leurs publics. Chacun reconnaît une importante complémentarité, en particulier lors du festival de bande dessinée Ellipse(s), qui se déroule pendant neuf fois à La Bulle et célèbre cette saison trois auteurs sur le thème de la comédie sentimentale : le Québécois Jimmy Beaulieu, Lucie Durbiano, venue deux mois en résidence, et Vanyda. Chaque rendez-vous est préparé avec exigence, la libraire et le bibliothécaire rassemblant l’ensemble de l’œuvre de l’auteur. « En fait, j’ai l’impression qu’on fait le même métier, dit Thi Nguyen, je ne vois pas comment on peut travailler sérieusement si on n’a pas une vision globale du monde du livre. » Quant à François-Jean Goudeau, il avoue « adorer l’acte de vente, plus encore que le prêt… Je sais que cela choque mes collègues, mais j’ai du mal à voir des frontières dans la chaîne du livre. On a tous un devoir de passion. » Laurence Santantonios
(1) Voir LH 932 du 30.10.2012, p. 21.
