Alors que l’immense majorité des communes de France sont regroupées au sein d’intercommunalités et à l’heure où le Sénat débat de la loi sur la création de grandes métropoles administratives, les professionnels des bibliothèques publiques s’interrogent sur l’impact que la gestion dans ces cadres élargis aura sur leur travail au quotidien. Après le colloque organisé en juin par la bibliothèque départementale du Val-d’Oise (1), c’est l’association des directeurs de bibliothèque des grandes villes de France (ADBGV) qui s’est penchée sur cette question hautement complexe lors de sa journée d’étude du 1er octobre à Roubaix, intitulée «Agglo : la bonne échelle ? Lecture publique et intercommunalité».
Comme lors du colloque du 13 juin, les expériences présentées à Roubaix ont montré qu’il n’existait pas de modèle unique. Malgré le nombre important d’intercommunalités en France, la plupart des bibliothèques restent gérées au niveau de leur commune. Mais la tendance est à la mutualisation et au travail en réseau, quel que soit le statut des établissements. C’est le cas dans la communauté d’agglomération de Montpellier qui regroupe 31 villes et 400 000 habitants mais dont la zone d’influence s’étend bien au-delà de ce périmètre. C’est pour cela que les médiathèques de Montpellier Agglomération ouvrent certains services de leur réseau aux bibliothèques municipales voisines : des expositions itinérantes, un catalogue commun, le centre de ressources pour les écoles. «L’objectif est d’améliorer et d’unifier la qualité de services », explique Gilles Gudin de Vallerin, directeur des médiathèques de Montpellier Agglomération.
A Lille Métropole communauté urbaine (LMCU), la démarche est comparable. A la suite d’une enquête révélant la situation catastrophique de la lecture publique sur son territoire, LMCU a mis sur pied un ambitieux programme qui sera ouvert aux bibliothèques, communales et intercommunales. «Certaines villes n’ont pas très envie d’entrer dans l’intercommunalité mais sont désireuses de travailler dans un cadre élargi qui leur permette de combler leurs lacunes », souligne Jean-Christophe Levassor, directeur de la culture de Lille Métropole communauté urbaine.
Malgré les avantages évidents qu’elles apportent, ces nouvelles configurations posent de nombreuses questions. Comme la redistribution des rôles et des financements entre ces superstructures administratives et les conseils généraux qui soutiennent les bibliothèques des petites villes via les bibliothèques départementales. Plus inquiétant encore : la création de la métropole du Grand Paris, fixée au 1er janvier 2016, entraînera la disparition des intercommunalités existantes sur son territoire, dont celle de Plaine commune et de son réseau de lecture publique exemplaire.
Véronique Heurtematte
(1) Voir LH 963 du 30.08.2013, p. 56.