Francfort 2024

Innocenzo Cipolletta (Association des éditeurs italiens) : « On s’attend à une année 2025 difficile »

Innocenzo Cippolletta, président de l'Associazone Editori Italiana (AEI) - Photo DR

Innocenzo Cipolletta (Association des éditeurs italiens) : « On s’attend à une année 2025 difficile »

Le président de l’Association des éditeurs italiens, dont le pays a été invité d’honneur à la Foire de Francfort 2024, dresse un bilan positif de l’évènement mais dessine des perspectives moins réjouissantes pour l’avenir à court terme du secteur du livre en Italie.

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Par Éric Dupuy , à Francfort ,Allemagne
Créé le 21.10.2024 à 11h34

Avec 230 éditeurs italiens présents sur la Foire de Francfort cette année, l’Italie, pays invité d’honneur, a su insuffler son art de vivre, sa culture et diffuser la quasi-totalité de son offre littéraire, malgré la polémique autour du boycott de plusieurs auteurs dont le journaliste Roberto Saviano, invité non pas par la délégation officielle mais par son éditeur allemand. Innocenzo Cipolletta, le président de l’Association des éditeurs italiens (AEI), défend le bilan de la manifestation pour l’édition italienne mais s’attend déjà à des lendemains difficiles. 

Livres Hebdo : L'inauguration puis l'ensemble de cette foire pour l'Italie, pays invité d'honneur, ont été marquées par la polémique autour des auteurs non invités, dont Roberto Saviano. Comment avez-vous géré cette situation à votre niveau ?

Innocenzo Cipolletta : Il y a eu un changement important de gouvernement en Italie et un grand nombre d’écrivains italiens ne se retrouvent pas dans cette nouvelle représentation. Personnellement, il y a également des choses que je n’approuve pas, mais c’est le gouvernement et l’Italie a été invitée d’honneur. Cette polémique sur Roberto Saviano, je peux la comprendre. Finalement, elle démontre que le monde du livre est un monde de discussions et surtout ce qui est important pour nous, c’est que c’est un monde de liberté d’expression. Il ne doit pas y avoir de censure, et la polémique montre que malgré ce qu’on dit, malgré le changement de gouvernement, l’Italie reste un pays démocratique comme il est nécessaire qu’il soit et c’est très bien qu’elle puisse avoir lieu lors de cette manifestation mêlant culture et business.

Roberto Saviano
Roberto Saviano lors d'une rencontre organisée par son éditeur allemand- Photo MARC JACQUEMIN / FBM

Justement concernant le business, quel bilan faites-vous de cette foire en tant qu’invité d’honneur ?

Ce n’est que la deuxième fois que je viens à Francfort donc je n’ai pas une grande expérience mais j’ai vraiment l’impression qu’il y a plus de monde que l’an dernier. Ce que je peux dire de notre point de vue italien, c’est qu’il semble que le livre et la littérature ont repris leur place dans l’imaginaire collectif et dans les questions politiques. Dans ce monde où les grandes tensions sont de plus en plus fortes avec une résurgence de guerres et l’effondrement des démocraties, c’est salutaire et positif autant pour le monde que pour les acteurs de l’édition.

« À Francfort, nous faisons face à un paradoxe »

Pourtant les difficultés structurelles du secteur ne semblent pas s’évaporer… Notamment pour ce qui est de votre politique publique en termes d’aides à la traduction ?

C’est vrai que cela nous fait du mal. Comme dans de nombreux pays, le gouvernement cherche à réduire le déficit public et le risque de voir des réductions de financements dans la culture est important. L’Italie a fait un effort, concernant notamment les aides à la traduction, pour l’invitation d’honneur à Francfort. Mais les ressources gouvernementales pour la Culture et le livre en général n’ont pas augmenté, et même au contraire. Elles ont été réduites pour des questions politiques, de choix stratégiques etc. On le ressent déjà sur le marché italien qui s’est légèrement contracté en 2024 et on s’attend à une année 2025 difficile… À Francfort, nous faisons face à un paradoxe : nous avons réussi à sanctuariser le million d’euros d’aides à la traduction du gouvernement, mais comme les échanges ont augmenté, nous devrions logiquement augmenter les aides et ce n’est pas ce vers quoi vont les discussions budgétaires au parlement italien actuellement.

Inauguration Frankfurt bookfair 2024
Officiels de la délégation italienne à Francfort, dont le ministre de la culture Alessandro Giuli (tout à droite)- Photo MARC JACQUEMIN / FBM

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