Le 16 juillet 1949, la loi « sur les publications destinées à l'enfance et à la jeunesse » est promulguée. L'article 2 (revu en 2011 avec le réaménagement du texte) précise que les publications destinées à la jeunesse « ne doivent comporter aucun contenu présentant un danger pour la jeunesse en raison de son caractère pornographique ou susceptible d'inciter à la discrimination ou à la haine [...], aux atteintes à la dignité humaine, à l'usage, à la détention ou au trafic de stupéfiants ou de substances psychotropes, à la violence ou à tous actes qualifiés de crimes ou de délits ou de nature à nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral de l'enfance ou la jeunesse [...] ». Une Commission de surveillance des publications pour la jeunesse est créée, qui intervient surtout pour les magazines et ne statue que sur des livres déjà en librairie. En ligne de mire, notamment les comics américains, ce qui amène les éditeurs français et belges de BD à modifier les planches, enlever les onomatopées et les armes, supprimer les scènes violentes, notamment lors de leur passage du magazine à l'album. Tarzan, Lucky Luke, Boule et Bill et Jerry Spring en font les frais. La loi a fait une victime en 1961, l'éditeur lyonnais Pierre Mouchot, de la revue Big Bill le casseur, ruiné par son procès.
Un collectif, « Renvoyons la censure », a vainement défendu l'abrogation de la loi. Néanmoins, dans la foulée de mai 1968, sont apparus de nouveaux types de livres et d'images, en phase avec les idées de l'époque : la collection « Du côté des petites filles » des éditions des femmes, Le sourire qui mord ainsi que les Éditions originales, fondées par François Ruy-Vidal et Harlin Quist. En 1972, Françoise Dolto déclenche une violente polémique en accusant dans L'Express les livres de François Ruy-Vidal de « génocide de l'imaginaire ». En 1985, Marie-Claude Monchaux dénonce aussi dans Écrire pour nuire des titres comme La guerre des chocolats et Julie qui avait une ombre de garçon.