C'est un album de Corto Maltese plein de surprises que publient les éditions Casterman en cette rentrée. Après avoir relancé la série avec Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero, l'éditeur publie cette fois-ci un one shot en marge de l'arc narratif. Océan noir est réalisé par un duo inattendu, Bastien Vivès et Martin Quenehen - qui avaient déjà fait équipe en 2020 pour le polar Quatorze juillet. Autre audace : avoir situé le récit en 2001, loin de l'époque de la série d'origine.
Ce qui ne change pas en revanche, c'est la grande aventure qui emmène le héros au bout du monde. Dans Océan noir, il voyage du Japon à l'Espagne en passant par le Pérou, sur les traces d'une pierre semée de pointes d'or, de narcotrafiquants et d'une secte d'ultranationalistes japonais. On retrouve par ailleurs ce qui semble un passage obligé de toute reprise patrimoniale, à savoir des ingrédients constitutifs des ouvrages d'origine. Ce qui se traduit ici par l'apparition de l'ami Raspoutine, des faits historiques en arrière-plan du récit, l'évocation de personnages réels et de civilisations anciennes, un trésor, la mer et son univers, une succession de péripéties...
Ces éléments seuls ne suffiraient pas à valider le parti pris du XXIe siècle mais il fonctionne parce que Vivès et Quenehen conservent aux aventures de Corto Maltese leur grâce intemporelle. Cela tient surtout au trait de Vivès, dans lequel on retrouve la liberté et le souffle de Pratt, même si leurs dessins ne se ressemblent pas. Jamais corseté, fluide, virevoltant, celui de Vivès fait fi des contraintes et renvoie parfaitement à la nonchalance et à la désinvolture du personnage, toujours aussi séduisant.
Corto Maltese. Océan noir
Casterman
Tirage: 100 000 ex.
Prix: 22 € ; 168 p.
ISBN: 9782203224735