Yves Coppens est un savant populaire. Il est apprécié pour sa manière de raconter notre histoire. On lui doit d’avoir complété notre arbre généalogique en découvrant en 1974, au sein d’une équipe internationale, la fameuse Lucy, une préhumaine de 3 millions d’années. De ce témoin inattendu surgi dans le désert éthiopien, le paléoanthropologue a élaboré l’hypothèse d’un berceau de l’humanité situé à l’est de l’Afrique à laquelle il donna le nom d’East Side Story.
A 83 ans, il s’est lancé dans l’écriture de ses Mémoires : Origines de l’homme, origines d’un homme. Comme l’évolution, son texte relève du bricolage subtil, agrégat d’anecdotes, de souvenirs et de recherches. En trois parties, il évoque son enfance, sa mère pianiste, son père physicien. Dans sa Bretagne natale, le jeune Yves, collectionneur de pièces romaines, est déjà à la recherche de l’homme dans les dolmens et les cairns. Il est porté par l’attrait pour l’ailleurs et pour les fouilles, deux "pathologies" qu’il nomme avec humour "exotite" et "archéologite".
Au Muséum, on le surnomme "Monsieur Mammouth". Son expertise des dents et des mandibules le conduit au Collège de France, puis dans les médias où il explique. "Que c’est beau, un os !" Au cœur de ce livre plein de verve, il y a l’irrépressible besoin de savoir d’où l’on vient. Comment s’est produite cette ruée vers l’os à partir de la fin du XIXe siècle ? Et surtout, comment de ces os tirer une histoire, la nôtre ? "Séduire et transmettre", écrit-il en ouverture d’un chapitre. Il s’agit bien de cela. Une forme d’élégance qui puise son énergie dans la volonté de comprendre. Tout un art. L. L.