On sait Michael Chabon fervent amateur de musique. Telegraph Avenue, son nouveau roman, en regorge. Il faut se transporter à Oakland, Californie. Dans Telegraph Avenue, on trouve une boutique épatante de vinyles d’occasion, Brokeland Records. Un lieu où l’on peut dénicher des pépites de jazz, de soul, de funk, des labels Blue Note et CTI, et même un album solo d’Andy Gibb, des Bee Gees.
Les deux animateurs de l’endroit se nomment Archy Stallings et Nat Jaffe. Le premier, 36 ans, est "haut comme une montagne avec un visage lunaire" et relit Marc Aurèle pour la quatre-vingt-dix-neuvième fois. Il a servi comme électricien dans l’armée pendant la guerre du Golfe, roule dans une El Camino et peut porter un costume trois-pièces en satin violet. Ajoutons qu’Archy est marié avec une sage-femme de profession, Gwen Shanks, spécialiste du contrôle de soi, ceinture noire de kung-fu et très enceinte.
Le second, lui, a une épouse, Aviva, et un fils de 15 ans, Julius dit Julie, qui se sépare rarement de son ghetto-blaster. L’adolescent aime fabriquer de fausses cartes de visites, écoute le groupe Kansas ou Stevie Wonder et en pince pour son camarade Titus.
Lequel Titus, on va l’apprendre, s’avère être le fils d’Archy - qui connaissait juste son existence mais ne l’avait jamais vu. Le gamin a fraîchement débarqué en ville après le décès de sa mère et s’installe chez les Jaffe… La situation se complique d’ailleurs de toute part. Archy a été surpris par Gwen en train de fricoter avec la belle Elsabet Getachew. Brokeland Records a des soucis à se faire puisqu’on annonce l’implantation d’une grande surface qui risque de lui faire de l’ombre. Sans parler des tracas de Luther Stallings, le géniteur d’Archy.
Un ancien champion de karaté et acteur de la "blaxploitation", qui a tourné dans des films cultes tels Strutter et Strutter en cavale avant d’avoir de sérieux problèmes avec la drogue et l’alcool… Amateurs de Quentin Tarantino, de Bruce Lee et de Grover Washington Jr., ce roman swinguant et attachant est pour vous ! Al. F.