Le 21 juillet à minuit et une minute, les fans de la saga Harry Potter pourront acheter et lire les aventures de leur magicien préféré. L’effervescence et l’impatience sont de mise tant du côté des lecteurs que de l’éditeur. Même Wikipédia a du bloquer les contributions extérieures, notamment celles liées au chapitre final.
« Action juridique immédiate »
Bloomsbury a menacé « d’action juridique immédiate » tout distributeur contrevenant à l’embargo institué. Seules les bibliothèques ont reçu l’autorisation d’ouvrir leurs cartons dès le vendredi pour organiser leurs rayonnages. Un spécialiste juridique a été embauché spécifiquement. De quoi décourager ceux qui voudraient casser le contrat avec l’éditeur. Ce dernier argue que la vente précoce, opportuniste et mercantile du livre ruinerait le désir du lecteur et le plaisir de la révélation du secret. Mais la défense de Bloomsbury s’avère assez hypocrite, de l’avis des diffuseurs qui accusent la maison d’édition de créer un marketing agressif et paranoïaque. Bloomsbury a même mis à disposition un téléphone pour dénoncer les vendeurs du vendredi soir.
« Rançonner les enfants »
Il faut dire que l’embargo est de plus en plus difficile à respecter. Episode après épisode, le phénomène grandit. Et les tensions s’accroissent. Les magasins Asda ont accusé Bloomsbury de ne pas lui fournir les 500 000 livres prévus et de « rançonner les enfants ». Selon Bloomsbury, il s’agirait d’une mesure de rétorsion à des factures impayées. Selon le distributeur, Bloomsbury refuserait qu’Asda vende à prix réduit l’ouvrage de Rowling. Pourtant de nombreux distributeurs ont préféré jouer la carte du discount avec un prix de vente à 9 £ (contre 18 £). (voir actualités LivresHebdo.fr )
Des camions tracés par satellites et équipés d’alarmes
Au 16 juillet, 2 millions d’exemplaires avaient été précommandés dans le monde. C’est un tiers de plus que pour Le prince au sang-mêlé.
La sécurité des sites américains et anglais concernés (impression, entrepôts de stockage, …) a coûté la bagatelle de 15 millions d’euros. Uniquement en Grande-Bretagne, 180 camions (tracés par satellites et équipés de systèmes d’alarmes!) et un train supplémentaire ont été réquisitionnés pour livrer les 600 000 foyers britanniques. La chaîne Waterstone's a déjà prévu des fêtes nocturnes pour le lancement dans 279 de ses magasins. Celui de Londres attend 2 000 personnes aux alentours de minuit.
495 pages en 300 images sur Internet
Mais Bloomsbury pourrait voir son plan marketing ultra-calibré s’effondrer à cause d’Internet. Le vénérable The Guardian avait réussi à décrypter la première page à partir d’un documentaire consacrée à l’auteure. Il y a trois semaines un pirate avait annoncé qu’il avait pénétré sur les serveurs informatiques de l’éditeur et détenait ainsi un exemplaire de l’ouvrage. Une version pirate est en effet apparue le 15 juillet sur deux sites « peer-to-peer » via demonia.com dans un premier temps puis sur mininova.org dans un second temps. Les liens ont été supprimés quelques heures plus tard. Il s’agissait de 300 photographies, de médiocre qualité, de l’édition américaine, soit les 495 premières pages (sur 794).
Samedi, à minuit une, toute cette agitation prendra fin. Et nous saurons si les bookmakers avaient raison en misant sur la mort du jeune magicien.