Avant-critique Roman

En admiration. C'est un fantôme. Andreas Reiss, professeur en romanistique dans un centre de formation pour enseignants à Berlin Ouest. Divorcé. Pas d'enfants. Pas vraiment d'amis non plus. Seule passion (même si dans son cas, l'expression est un peu excessive) repérée, le cinéma français, et notamment celui de la Nouvelle Vague. Un homme qui marche à côté de sa vie, sans qualités, sans faire de bruit. Un petit personnage fondu dans le tumulte des temps et de la ville. Ce qu'il a de plus précieux, secret qui n'intéresse que lui, c'est sa relation depuis le lycée, tissée d'admiration et d'envie, avec son camarade Erik, devenu un chef décorateur réputé dans le milieu du cinéma. Intérêt qui n'est guère payé de retour... Andreas nourrit aussi une fascination, dont il veut se convaincre qu'elle n'est en rien celle d'un fan, pour une actrice franco-allemande, Hélène Grossman. Une nuit, dans l'appartement qu'Erik a laissé à la disposition d'Andreas le temps d'un séjour aux États-Unis, le téléphone sonne. Une voix reconnaissable entre toutes. C'est Hélène...

Tel est l'argument, tissé de mystère et d'ambiguïté, de Plus belle que jamais, le nouveau roman d'Hans-Ulrich Treichel, l'auteur du Disparu (Hachette Littératures, 1999). L'écrivain y déploie un art de la litote accompli. Son Andreas Reiss est un frère en littérature des héros hiératiques d'Emmanuel Bove. L'humour ici est à mi-voix et volontiers cruel, la rêverie douce-amère. Le temps qui passe est sans pitié.

Hans-Ulrich Treichel
Plus belle que jamais
Gallimard
Traduit de l’allemand par Barbara Fontaine
Tirage: 2 300 ex.
Prix: 21 € ; 192 p.
ISBN: 9782072982026

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