Amours interdites. Pour vivre heureux vivons cachés ! Surtout si le bonheur que nous vivons nous est interdit - histoires d'amour prohibées par la loi religieuse, relations intimes bannies par la convention sociale... Le narrateur de La mort clandestine d'Hadrien Laroche est en mission dans un pays du golfe Persique. Il y rencontre une femme marocaine expatriée avec son époux et leurs deux enfants. Malgré la tyrannie de son mari violent, elle avait réussi à obtenir un semblant d'autonomie en travaillant comme enseignante. Entre elle et le Français naît une passion brûlante, d'abord atermoyée par l'interdit des contacts physiques, en terre d'islam, entre un homme et une femme qui ne sont pas mariés. Ils ne se touchent que du regard, s'envoient des textos... Puis elle prend tous les risques. Elle monte dans la tour où loge le narrateur, marié lui aussi. Sa femme et son fils sont certes en France, mais ce n'est pas plus simple pour lui cependant. L'amour qu'il vit avec son « amie », ainsi qu'il la désigne sans jamais la nommer, est aussi fort que douloureux. Leur histoire s'écrit sous la contrainte - joug conjugal auquel l'amante est soumise et dont elle veut se libérer, menace de la mort pour elle, de la prison pour lui - et à travers les étreintes - fougue du sexe pour exorciser l'imminence de la fin. « J'éprouve une telle puissance de cette relation, je peux faire le récit de la catastrophe sans y croire, sans penser que jamais notre amour finira, comme une péripétie, certes terrible, dans laquelle au moment où j'écris ces lignes (autrefois), je suis encore plongé et dont je souffre. » Et en se donnant l'un à l'autre charnellement, chacun d'eux livre son propre récit de vie. Elle est d'une famille berbère arabisée de l'Anti-Atlas. Son père, dentiste ballotté entre les deux rives de la Méditerranée, a immigré en France puis est retourné au Maroc. Elle a fait le parcours inverse pour les études, puis a été mariée par sa mère traditionaliste à ce type qu'elle honnit et dont elle a eu deux enfants... Le narrateur, quant à lui, est issu de la grande bourgeoisie, lié à ce cousin banquier découvert mort dans une combinaison de latex, assassiné par sa maîtresse. La généalogie du narrateur n'est faite que de trahisons, d'amours déçues... Il découvre à la mort de son père que ce dernier n'était pas son père biologique, que celui qu'il appelait son père avait été lui-même adopté. Quant à sa mère, elle avait voulu épouser un homme dont on lui révéla qu'il était son frère. Elle-même avait des amants. Dans La mort clandestine, Hadrien Laroche revient après des années d'absence sur la filiation, l'angoisse de l'illégitimité, l'amour entravé, des motifs qu'il avait déjà déclinés auparavant mais avec ici une profondeur inégalée que seules les vraies passions peuvent nous révéler.