Certains y verront un savant calcul médiatique, ou un opportunisme commercial. Les révélations sur le passé de Günter Grass – avouant s’être enrôlé chez les Waffen SS à l’âge de 17 ans – provoquent avant tout une polémique qui fait le régal des éditorialistes. Le Prix Nobel de Littérature devient objet de débat, où chacun est sommé de choisir son camp. Déjà, il a obtenu les soutiens de John Irving et Salman Rushdie. Ce dernier a témoigné auprès de la BBC : « Il est une force extraordinaire depuis un demi-siècle, et l'on ne défait pas cela parce que l'on y découvre une faille . »

Homme de gauche, militant pacifiste, il a livré ses aveux, avec soixante ans de retard, lors d’une interview promotionnelle au Frankfürter Allgememeine Zeitung. L’écrivain devait publier ses mémoires, Beim Häuten der Zwiebel (En épluchant les oignons), le 1^er septembre. Sur Amazon.de, il est déjà en tête des ventes. Certaines librairies, disposant des ouvrages, ont anticipé la distribution avec deux semaines d’avance, afin de profiter de l’engouement public. Steidl, l’éditeur, a pris acte de cette demande en autorisant la vente dès cette semaine. Selon le porte-parole de la maison d’édition, 130 000 exemplaires auraient déjà été écoulés en Allemagne, Autriche et Suisse allémanique.

Le Seuil, son éditeur habituel français, n’indique aucune information à l’heure actuelle tandis que la plupart des journaux hexagonaux se font l’écho de cette actualité Outre-Rhin.