« Notre indépendance n’est pas négociable », ont déclaré le 28 novembre, François Morinière, président du directoire de Bayard et Dominique Greiner, DG et assomptionniste, dans une tribune à La Croix, le quotidien du groupe. Cela fait suite à la nomination le 25 novembre d’Alban du Rostu au poste de directeur de la stratégie et du développement de l’entreprise, qui a suscité de vives réactions de la part des salariés. 

Des employés inquiets

Avant d’arriver chez Bayard, le financier a dirigé, de 2021 à 2024, le Fonds du bien commun, une organisation philanthropique financée par l'homme d'affaires Pierre-Édouard Stérin créateur des Smartbox, qui finance notamment les médias en ligne Néo ou Le Crayon. Inquiets de l’impact sur la ligne éditoriale de la maison, de nombreux employés ont exprimé leur désaccord et appelé à la mobilisation. 

Celles-ci ont débuté lors de la soirée d’inauguration du Salon du livre et de la Presse jeunesse de Montreuil le 27 novembre, où des employés ont brandi une banderole devant le stand du groupe « Chez Bayard, aucune place pour l’extrême droite », selon des vidéos diffusées par le compte Instagram Les dossiers de l’édition. Le 28 novembre, les syndicats ont déclaré une heure de grève de 14h à 15h et se sont réunis devant les locaux pour protester.

« Mettre fin à l’électrisation du débat »

Dans leur tribune, les deux représentants de la direction, ont assuré « comprendre parfaitement l’inquiétude de leurs équipes, publics et parties prenantes » et ont affirmé vouloir « mettre fin à l'électrisation du débat » en dialoguant avec leurs salariés, lecteurs, auteurs, distributeurs et libraires afin de « réaffirmer le projet Bayard autour de quelques idées clés ». 

Concernant la nomination d’Alban du Rostu, François Morinière et Dominique Greiner, ont maintenu que les recrutements se faisaient « au regard de la compétence et de l’adhésion (à notre) projet », assurant ne demander « ni certificat de baptême, ni bulletin de vote », la « diversité des profils et des parcours » étant leur « richesse ». 

Les deux directeurs ont également rappelé l’attachement de Bayard aux « valeurs de tolérance, de respect de la dignité humaine et de fraternité », réaffirmant la nécessité pour le groupe de « préserver les outils et les espaces d’un dialogue fructueux avec le monde ». 

Selon la direction, contactée par Livres Hebdo, Alban du Rostu devrait donc prendre ses fonctions au sein de la maison dès le 2 décembre. 

Bayard investi dans le rachat de l’ESJ Paris

Cependant, l’arrivée du financier au sein de l'entreprise n’est pas la seule préoccupation des syndicats qui contestent également le fait que Bayard figure parmi les acheteurs de l’École Supérieure de Journalisme de Paris (ESJ), aux côtés de Bernard Arnault, Rodolphe Saadé ou Vincent Bolloré. Sur ce dossier, François Morinière, contacté par l’AFP, a affirmé que son groupe avait été sollicité par d'autres investisseurs pour exercer un « devoir de vigilance », avec une participation très réduite au capital.