18 août > Roman France

STS-135, "final mission". En ce 8 juillet 2011, prenez place pour la dernière mission de la navette américaine Atlantis, comme si vous étiez aux côtés de Fergie, le commandant, Doug, le pilote, Rex et Sandra, les quatre astronautes de la Nasa. Du décollage depuis le Kennedy Space Center du Cap Canaveral en Floride jusqu’à la Station spatiale internationale en orbite à 400 kilomètres au-dessus de la Terre, sous la surveillance de la mission de contrôle de Houston (Texas), Christine Montalbetti nous fait vivre par le menu cette aventure véritable dans un roman moins flottant et digressif que les précédents et tout à fait captivant. Vous allez accompagner les astronautes durant les jours qui précèdent le lancement, enfiler avec eux leur combinaison, les regarder jouer une superstitieuse partie d’un "genre de poker", plus tard connaître la playlist des chansons choisies par l’équipe au sol en guise de réveille-matin. Vous saurez tout des opérations de manutention de cette mission de ravitaillement, des spacewalks des "bricoleurs de l’Espace", de l’art de se laver dans un habitacle sans gravité, de la gastronomie orbitale. Bref, l’ordinaire de l’extraordinaire.

Ce roman né d’une résidence d’écriture du Centre national d’études spatiales est donc documenté et nourri notamment des rencontres de Christine Montalbetti avec des astronautes et en particulier avec le personnage principal, Sandra Magnus, dont l’aura impressionne la romancière-narratrice, désarçonnée et attirée à la fois par "son volontarisme si éloigné du tempérament ordinaire de [ses] personnages, qui préfèrent la rêverie à l’action, toujours enclins à se faire de petits romans, incertains de ce que la réalité leur réserve. Poreux. Attentifs à la complexité qui innerve chaque instant. Eperdus parfois."

Mais si l’écrivaine, dans ce projet de composer "un roman sur une aventure réelle", sort de son terrain d’écriture familier, la fantaisie flottante de sa poétique continue d’opérer. Elle reste fidèle à ce geste de complicité souple qu’elle a de vous inclure intimement dans le décor par ses commentaires (ses "voyez", ses "j’aimerais que vous vous le représentiez soigneusement"…), son humour doux. Sa façon de jouer des contrechamps et des échelles, de balancer entre infiniment grand et infiniment petit. Entre matière et éther. Gravité et "impesanteur". Dans ce voyage parmi "ces toutes petites choses" dont est faite la vie, Christine Montalbetti est une guide formidable. V. R.

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