édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint

Après une évolution très faible en 2012, le boom de la production éditoriale en janvier pouvait tenir de l’épiphénomène. La poursuite de sa progression en février jette le trouble. Sur les deux premiers mois de l’année, le nombre de nouveautés et de nouvelles éditions a progressé de 9 % par rapport à la même période de l’an passé. C’est peu dire que ce dynamisme inattendu contraste avec l’asthénie du marché.

Ce n’est pourtant pas le seul paradoxe de la conjoncture. L’an dernier, la production d’ouvrages traduits a aussi beaucoup plus augmenté que le nombre total de nouveautés et de nouvelles éditions. Plus d’un livre sur six est désormais issu d’une langue étrangère, et pas seulement de l’anglais. Et l’on ne sait s’il faut voir dans le développement de ces acquisitions de livres « clés en main » la marque très conjoncturelle du développement de la « planche à livres », comme il y eut la planche à billets, ou l’expression d’une tendance croissante à l’internationalisation de l’édition.

La première hypothèse n’est pas à écarter, mais la seconde tient la corde. Elle procède en partie des aspirations à l’ouverture et à la diversité culturelle dopées par l’essor de l’Internet, mais plus encore des nécessités, face aux géants mondiaux de la distribution culturelle, d’une approche globale des marchés pour optimiser les investissements éditoriaux. Ce n’est pas un hasard si la hausse de la part des traductions en France s’accompagne aussi depuis quelques années d’une augmentation des cessions de droits de l’édition française.

Notre palmarès des meilleures ventes témoigne désormais sur la durée de ce processus de globalisation. Pour résister aux blockbusters mondiaux, la France compte moins aujourd’hui sur les prix et les phénomènes littéraires dont elle a le secret que sur des auteurs taillés pour affronter E. L. James ou Harlan Coben, tels Guillaume Musso, Marc Levy ou encore Tatiana de Rosnay.

11.10 2013

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