Avant-Critique Roman

Parmi les nombreux débats théologiques passionnés qui marquèrent les débuts du christianisme en Orient, figure celui entre le monophysisme et le duophysisme. Le premier reconnaît au Christ une seule nature, divine, le second, une double nature, divine et humaine. Le concile de Nicée, en 325, a tranché dans ce sens. L'écrivain Giosuè Calaciura, Palermitain « monté » à Rome qui possède forcément une solide culture chrétienne, a dû y penser lorsqu'il a écrit son roman, Je suis Jésus, prix Stresa 2021.

Son Jésus, narrateur de sa propre histoire en toute simplicité, est juste un homme. Un enfant encore, au début, qui éprouve depuis tout petit une « terreur de l'obscurité ». Seule Marie, sa mère, épousée à 17 ans par le charpentier Joseph, parvient à le rassurer. Plus tard, elle lui racontera sa naissance, à Bethléem, avant qu'ils ne s'installent à Nazareth. « En fait, j'étais un enfant normal, sain et robuste », écrit-il. Heureux, jusqu'à ce que Joseph disparaisse mystérieusement. Jésus a alors 14 ans et part à sa recherche, dans une quête initiatique qui lui réserve bien des mésaventures. Il finira par rentrer chez lui, brisé, avec des idées de suicide. Et c'est Judas qui l'en empêche, le laissant libre de marcher vers son destin... Le roman s'achève ici. Calaciura, monophysite à l'envers, privilégie la nature humaine de Jésus, dans ce texte à la fois simple et dense, profane. Jusqu'à ce qu'il devienne le Christ.

Giosuè Calaciura
Je suis Jésus Traduit de l'italien par Lise Chapuis
Noir sur Blanc
Tirage: 12 000 ex.
Prix: 21 € ; 352 p.
ISBN: 9782882507860

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