Avant-critique Roman

Gilles Boyer, "Petit-Clamart" (JC Lattès)

Gilles Boyer - Photo © Thierry Rateau

Gilles Boyer, "Petit-Clamart" (JC Lattès)

Dans une uchronie politique, Gilles Boyer imagine l'assassinat du général de Gaulle par l'OAS et ses conséquences pour notre pays.

Parution 3 octobre

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Par Olivier Mony
Créé le 25.09.2024 à 09h00 ,
Mis à jour le 26.09.2024 à 15h08

Après de Gaulle. La politique, c'est du roman. C'est peut-être même d'ailleurs la meilleure façon de l'appréhender. Tout y est, l'ambition, la folie prométhéenne, la trahison, la séduction, et on en passe. Pourtant, il est curieusement assez rare que la comédie du pouvoir et l'énergie littéraire aillent de pair hors de poussives tentatives qui doivent souvent plus à l'article de journal qu'au bal des ombres d'un le Carré ou d'un Gore Vidal. Parmi les exceptions, Gilles Boyer. Boyer, homme de l'ombre s'il en est, député européen, très proche de l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, connaît par cœur les arrière-cours de la politique politicienne qui lui ont été comme un jardin d'enfants. Mais cet homme secret, rétif à la confession, par goût autant que par nécessité, grand lecteur, concède quelque chose de lui et de sa passion pour la chose publique entre les pages des romans qu'il écrit. Petit-Clamart est son sixième et il est délicieux, empreint d'une belle nostalgie pour une époque, les années 1960, où les responsables politiques avaient des lettres et les mots pour le dire.

Résumons. Dans la soirée du 22 août 1962, au carrefour du Petit-Clamart, le cortège présidentiel qui amène le général de Gaulle et "tante Yvonne" vers l'aéroport de Villacoublay est victime d'une tentative d'attentat fomentée par l'OAS. Si, dans la réalité le général échappa de peu aux balles des tueurs, Boyer imagine une issue qui lui aurait été fatale et les conséquences, en premier lieu sur les affaires publiques, que cela aurait pu engendrer. Quelques mois après les accords d'Évian, la Ve République est jeune (quatre ans) et fragile, le président de la République n'est pas encore élu au suffrage universel et il faut s'en remettre aux grands électeurs pour choisir un successeur à de Gaulle. Rentrent en scène le ban et l'arrière-ban de la représentation politique de l'époque, Georges Pompidou, Michel Debré, Jacques Chaban-Delmas, Antoine Pinay, Gaston Monnerville, Valéry Giscard d'Estaing... Autant de "personnages" saisis à la pointe sèche, dans leurs grandeurs comme leurs misères, par un Gilles Boyer dont la jubilation romanesque est ici évidente. Ombres et coulisses au pays perdu des 365 fromages...

Gilles Boyer
Petit-Clamart
JC Lattès
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 20,90 € ; 320 p.
ISBN: 9782709672030

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